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La guerre des pharmacies de Bora Bora continue

©CP/Radio1

La pharmacie de Teano Cojan a ouvert à Nunue en octobre dernier, grâce à une troisième arrêté du Pays en trois ans, et en dépit de deux annulations du tribunal administratif, et d’une décision défavorable de la cour administrative d’appel de Paris. Son concurrent, la pharmacie Lafayette de Vaitape, attaquait de nouveau au tribunal administratif ce mardi.

Le besoin d’une nouvelle pharmacie à Bora Bora est établi depuis 2019. Après plusieurs années dont une partie passée devant les tribunaux, Teano Cojan dont la famille vit à Bora Bora avait obtenu l’agrément du Pays en juin dernier, et inauguré son officine en octobre, à moins de 5km de la seule autre pharmacie de l’île, la pharmacie Lafayette à Vaitape. Trop proche, avait estimé à deux reprises la justice administrative, qui s’en tenait à la réglementation locale, pour « répondre de façon optimale aux besoins en médicaments de la population ». Idéalement, la nouvelle pharmacie aurait dû s’installer à Faanui ou Anau, mais Teano Cojan, lui, mettait en avant la proximité du collège-lycée, et le passage de touristes pour justifier son implantation à Nunue.

L’autre pharmacien, Nicolas Loyer, revenait donc ce mardi devant le tribunal administratif pour contester la légalité de l’arrêté de création et d’exploitation de la nouvelle officine, le troisième en trois ans. « Malgré tout la Polynésie s’obstine sans modifier le cadre législatif », dit Me Dumas, alors qu’elle estime que la loi est mal rédigée. De son côté, Teano Cojan a déposé plainte devant le conseil de l’ordre des pharmaciens, « pour essayer de restreindre le droit de M. Loyer d’agir en justice », poursuit l’avocat de la pharmacie Lafayette.

Le Pays applique de nouveaux critères, mais sans modifier les textes

Le Pays, lui, met en avant une nouvelle interprétation des textes qui s’appuie non plus sur « l’offre de médicaments » mais sur le concept « d’offre de soins optimale » : les cinq médecins de l’île sont tous installés côté Ouest, et leurs patients se dirigent naturellement vers les officines les plus proches. La directrice de l’Arass était même présente au tribunal, pour reconnaître que « effectivement, nous avons des difficultés à déterminer les lieux optimaux d’implantation. » Elle a également souligné que depuis deux ans, aucune autre pharmacie ne souhaite ouvrir à Bora Bora, et le Pays se serait résolu à valider cette nouvelle implantation parce que « une seule pharmacie, ça ne suffit pas. » Pour le Pays, « Loyer défend ses intérêts commerciaux, nous défendons l’intérêt général. »

Teano Cojan, lui, met en avant la bonne fréquentation de son officine depuis son ouverture en octobre, notamment par les collégiens à qui il prodigue des conseils de prévention. Il aurait ainsi délivré 15 pilules contraceptives à des mineurs en deux mois. Il défend également son bilan en termes d’emploi, 6 CDI et 1 temps partiel, et note que la pharmacie concurrente a opéré des « baisses de prix drastiques » et étendu ses horaires : son installation bénéficierait ainsi, indirectement, à l’ensemble de la clientèle. Il rappelle enfin qu’il n’a pas pu s’installer à Anau pour des problèmes de litiges fonciers, mais que s’il l’avait fait, on aurait pu lui reprocher de privilégier une commune moins peuplée.

Le rapporteur public s’en est tenu à la réglementation dans son état actuel, et a requis l’annulation de l’arrêté d’installation de Teano Cojan. La décision est attendue pour le 16 janvier prochain.

 

 

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2 Commentaires

  1. Patrick Fincker
    13 décembre 2023 à 11h01 — Répondre

    Quand les textes sont un frein à une saine concurrence, on les change! Dans les pays d’Asie, on rencontre souvent les commerçants concurrents dans les mêmes rues. C’est le mieux pour les habitants: moins de déplacement pour trouver ce qu’ils cherchent au meilleur prix.

    Quand on parle de pharmacie à Bora Bora, le meilleur endroit est en face de la pharmacie existante, proche des médecins, mais aussi des principaux centres d’activité de l’ile. Dommage qu’un règlement mal conçu favorise un commerçant qui a trop longtemps bénéficié d’un monopole sans objet. si l’on compare avec l’Europe ce n’est pas deux, mais trois ou peut-être quatre pharmacies qui pourraient vivre à Bora Bora et employer chacune 8 personnes. Quelles pertes pour la population.

  2. Huguet
    14 décembre 2023 à 11h03 — Répondre

    Que une histoire de gros sous et de monopole !!! MrLoyer veut tout garder pour lui et c’est tout . Le BON SENS voudrait evidemment une 2eme pharmacie …

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