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La Maison Blanche défend son décret migratoire, indignation dans le monde

Washington (AFP) – La mobilisation se poursuivait dimanche aux Etats-Unis face à l’interdiction d’entrée sur le territoire édictée par Donald Trump contre les réfugiés et contre les ressortissants de sept pays musulmans, malgré une victoire partielle obtenue samedi.

Le décret signé par Donald Trump vendredi interdit l’entrée à tous les réfugiés, quelle que soit leur origine, pendant 120 jours (de façon indéfinie pour les réfugiés syriens), ainsi qu’à tous les ressortissants de sept pays à majorité musulmane et considérés comme des viviers terroristes par l’administration américaine, pendant 90 jours: Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.

Alors qu’initialement les détenteurs de cartes vertes – des permis de résident permanent – étaient également visés, le secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus, a indiqué dimanche sur NBC qu’ils n’étaient pas « affectés », mais qu’ils pourraient être questionnés de façon approfondie à leur arrivée aux Etats-Unis.

Cette clarification n’a pas rassuré les nombreux Iraniens vivant aux Etats-Unis mais en ce moment à l’extérieur du pays. « D’une heure à l’autre, l’administration se contredit », dit à l’AFP Trita Parsi, président du National Iranian American Council. « Il faut que ce soit mis par écrit pour que l’on soit absolument certain ».

Selon l’administration, il restait dimanche matin une vingtaine de personnes en détention sur les 109 stoppées depuis vendredi.

– Confusion –

La confusion règne dans les aéroports américains depuis vendredi, les agents d’immigration manquant apparemment de consignes claires. Des centaines de manifestants ont assiégé les aéroports à New York, San Francisco, Dallas ou Seattle.

Samedi soir, une juge fédérale de New York, saisie par des défenseurs des droits civiques pour le compte de deux Irakiens bloqués à l’aéroport John F. Kennedy, a interdit l’expulsion des personnes en règle retenues dans tous les aéroports américains.

Mais le décret reste en vigueur et dans le reste du monde, les compagnies aériennes refusaient d’embarquer des ressortissants des sept pays concernés, malgré la validité de leurs visas.

L’Iran était particulièrement concerné, étant donné les dizaines de milliers d’Iraniens détenteurs de visas de travail ou étudiants.

Téhéran a immédiatement instauré la réciprocité contre les citoyens américains, et dimanche, des voix s’élevaient en Irak à prendre des mesures similaires.

La vague d’indignation traverse le monde musulman, la Ligue arabe dénonçant dimanche des « restrictions injustifiées ».

En Europe, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel se sont joints aux condamnations. Selon un porte-parole, Mme Merkel a expliqué au président Trump les obligations de la Convention de Genève concernant l’accueil de réfugiés lors de leur entretien téléphonique de samedi.

Londres et Berlin s’inquiètent notamment du sort de leurs ressortissants ayant la double nationalité avec l’un des sept pays de la liste noire, également concernés.

– Discrimination religieuse ? –

Aux Etats-Unis, des manifestations auront lieu dimanche notamment devant la Masion Blanche à Washington et à New York.

L’opposition démocrate a appelé au retrait du décret anti-réfugiés, qui « ne fera que galvaniser ceux qui cherchent à nous faire du mal », a déclaré le chef des démocrates du Sénat, Chuck Schumer.

Une poignée d’élus républicains ont aussi condamné tout ou partie du décret.

Pour l’élu du Michigan Justin Amash, le décret semblait être plus motivé par des questions politiques que sécuritaires. « Si on s’inquiète du radicalisme/terrorisme, pourquoi pas l’Arabie saoudite, le Pakistan et d’autres? » a-t-il écrit sur Twitter.

« Les tribunaux jugeront s’il est allé trop loin » a prudemment déclaré dimanche Mitch McConnell, chef de la majorité sénatoriale, sur ABC.

C’est en effet devant la justice que le sort du décret devrait se décider. La décision en urgence de la juge de Brooklyn s’ajoute à trois autres bloquant les expulsions, mais aucune ne tranche sur le fond.

« Cela finira probablement devant la Cour suprême », a prédit Anthony Romero, directeur de l’ONG ACLU, sur CNN.

La Maison Blanche a cependant défendu un acte nécessaire pour ne « pas laisser s’infiltrer quelqu’un qui cherche à nous nuire », a martelé Sean Spicer, porte-parole de la Maison Blanche.

L’exécutif se défendait d’une volonté de discrimination religieuse. A la fin de la période de 120 jours, le décret stipule en effet que la priorité sera donnée aux réfugiés persécutés en raison de leur religion, une phrase désignant implicitement les chrétiens de Syrie et d’Irak.

Le président républicain n’a lui-même laissé aucun doute quant à cette préférence.

« Les chrétiens du Moyen-Orient sont exécutés en grand nombre. Nous ne pouvons laisser cette horreur se perpétuer! » a-t-il écrit sur Twitter dimanche.

Des manifestants protestent contre l'interdiction d'entrée sur le territoire édictée par Donald Trump contre les réfugiés et contre les ressortissants de sept pays musulmans, le 28 janvier 2017 à Chicago. © AFP

© AFP Joshua LOTT
Des manifestants protestent contre l’interdiction d’entrée sur le territoire édictée par Donald Trump contre les réfugiés et contre les ressortissants de sept pays musulmans, le 28 janvier 2017 à Chicago

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1 Commentaire

  1. simone grand
    30 janvier 2017 à 8h02 — Répondre

    Les manifestants ont-ils accompli leur devoir électoral?

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