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La manifestation qui devait symboliser l’union vire à la discorde

Jean-Luc Mélenchon (LFI) ne participera pas. la première ministre Elizabeth Borne (Renaissance) et le président du RN Jordan Bardella y seront.

Face à l’augmentation des actes antisémites en France depuis l’attaque du Hamas en Israël, la présidente de l’Assemblée nationale et celui du Sénat, appellent à une grande marche contre l’antisémitisme, dimanche. Alors qu’ils espéraient que l’événement fasse l’unanimité, il rencontre surtout la discorde.

L’appel a été lancé dans une tribune publiée ce mardi par Le Figaro. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le président du Sénat Gérard Larcher ont appelé « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République » à participer dimanche à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme, un mois après l’attaque du 7 octobre en Israël et la hausse du nombre d’actes antisémites en France. A Tahiti, une marche en soutien des otages israéliens kidnappés par le Hamas a eu lieu mi octobre.

Le RN défilera dimanche
Mais en Métropole, si cette marche devait être celle de la concorde nationale, elle est finalement loin de faire l’unanimité à l’instar de Jean-Luc Mélenchon. L’ancien leader de La France insoumise a qualifié sur X (anciennement Twitter) d’un rendez-vous « des amis du soutien inconditionnel au massacre (à Gaza ndlr) ». 

Son collègue coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard estime lui qu’il serait « incongru de participer à une manifestation de cette nature en présence du Rassemblement national ». Or Marine Le Pen et Jordan Bardella ont rapidement annoncé qu’ils prendraient part au cortège.

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« Ne pas être les complices de la banalisation d’un parti fondé par des antisémites »
La présence du RN pourrait aussi conduire plusieurs autres élus de gauche à boycotter cette marche contre l’antisémitisme. Elle sème aussi le trouble au sein de la majorité. « J’appelle solennellement à ne pas être les complices de la banalisation d’un parti fondé par des antisémites », a réagi le président de Renaissance. Stéphane Séjourné précise que son parti sera bien présent dimanche mais qu’il ne défilera « pas derrière la même banderole » que le Rassemblement national.

Pour le moment, Emmanuel Macron hésite encore à se rendre à la grande marche, et il doit faire connaître sa décision dans les prochains jours. Mais le président réfléchit aussi à la possibilité de prendre la parole dans la presse avant cette manifestation. C’est ce qu’il a expliqué mardi soir lors d’un dîner au palais de l’Élysée avec des cadres du camp présidentiel, selon un participant. Et si on ne sait pas encore si le chef de l’État se rendra à cette marche dimanche, la Première ministre Élisabeth Borne sera bien présente. C’est ce que vient de confirmer le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

La gauche veut un « cordon républicain » face à l’extrême droite
Les partis socialiste, communiste et écologiste, qui participeront dimanche à la marche contre l’antisémitisme, souhaitent mettre en place « un cordon républicain » dans la manifestation pour ne pas se mêler à l’extrême droite, également présente, selon un communiqué commun publié mercredi.

Les trois organisations de gauche qui appellent à participer à la marche, proposent de réaliser « un cordon républicain » pour « distinguer dans la manifestation un cortège rassemblant tous les républicains et progressistes d’une part et le Rassemblement national et les forces d’extrême droite d’autre part, auxquels nous ne reconnaissons aucune légitimité à manifester contre l’antisémitisme ». Ils ne précisent pas à ce stade les modalités de ce cordon sanitaire.

Les trois partis demandent à la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et au président du Sénat Gérard Larcher, à l’initiative de cette marche, de « déclarer publiquement que les forces d’extrême droite ne sont pas les bienvenues ».