La visite de la délégation de l’Institut national du cancer s’est terminée ce lundi, une visite de 6 jours à la rencontre des nombreux acteurs de santé du territoire. Un rapport doit être rendu en février 2022. Ils saluent des actions comme la prévention dans les écoles, ou « l’ingéniosité » déployée par les soignants, notamment dans les îles éloignées.
C’était l’une des annonces d’Emmanuel Macron : accompagner la Polynésie dans la prévention et la prise en charge des cancers, dans le cadre du futur institut polynésien du cancer. La délégation qui vient de passer six jours au fenua était composée du Pr Norbert Ifrah et de Thierry Breton, respectivement président et directeur général de l’Institut national du cancer, ainsi que trois représentants du Centre hospitalier universitaire de Bordeaux, sa directrice générale adjointe Stéphanie Fazi-Leblanc, le vice-président de la commission médicale d’établissement, neurologue et spécialiste en télémédecine François Rouanet, et le doyen de la faculté de médecine de Bordeaux, le Pr Pierre Dubus.
La délégation a pu échanger avec le ministère et la direction de la Santé, la CPS, l’Arass, le CHPF, les médecins libéraux et les associations de patients. Elle s’est aussi rendue à l’hôpital de Taiohae. Le Pr Ifrah salue « des modèles extrêmement différents, des organisations très abouties, complémentaires, la qualité des équipes et leur engagement, et leur ingéniosité, leur capacité à construire des solutions ». Une ingéniosité à l’œuvre dans la prise en charge des cancers aux Marquises, dit-il, où l’hôpital de Taiohae dispose d’un scanner et d’un mammographe et s’organise pour faire venir régulièrement une radiologue. Autre exemple, « la façon dont la pharmacie (du CHPF, ndlr) s’est organisée pour fabriquer un certain nombre de produits, nécessaires et difficiles à faire venir. » Les membres de la délégation ont aussi particulièrement aimé la stratégie de prévention dans les écoles polynésiennes, disent-ils.
« Nous ne venons pas apporter la bonne parole, nous venons aider ». Une aide qui passe notamment par les liens étroits entre le CHU et la faculté de médecine de Bordeaux, qui forment une soixantaine d’internes chaque année. Outre la venue en Polynésie d’assistants spécialistes, les structures bordelaises sont appelées, dans le futur proche, à former les médecins des dispensaires aux gestes d’urgence, à accueillir des infirmières spécialisées qui seront formées ici et feront leur stage en métropole, et à aider au développement de la télémédecine non seulement sur le territoire mais aussi entre la Polynésie et la métropole, « voire même la participation aux activités de garde », dans laquelle le décalage horaire pourrait être un atout plutôt qu’un handicap, pointe François Rouanet.
L’une des recommandations de la mission sera sans aucun doute la tenue méticuleuse des registres du cancer : elle a été « un peu erratique », dit le Pr Ifrah, tributaire des arrivées et départs des médecins. Pour le reste, il faudra attendre que la délégation rende son rapport en février prochain.
La non-vaccination provoque une perte de chances pour les autres patients
Oui, la crise sanitaire a eu un effet adverse sur les patients atteints de cancer : arrêt quasi-total des dépistages, malades qui n’ont pas pu ou pas voulu venir à l’hôpital, et médecins réaffectés aux unités Covid. Il faudra encore quelques temps pour quantifier cette perte de chances, mais pour le Pr Norbert Ifrah, elle ne fait aucun doute. Et « le retentissement sera d’autant moindre désormais qu’il y a de plus en plus de personnes vaccinées, c’est sûr. » |
Cancer du col de l’utérus : la délégation en faveur du vaccin
C’est un sujet que défend activement la Ligue contre le cancer en Polynésie : la vaccination des adolescents contre le HPV, virus lié à l’apparition des cancers du col de l’utérus. Ils représentent 9% des cancers féminins au fenua. La délégation abonde dans ce sens, « d’abord parce que c’est un des cancers les plus fréquents, et de mauvais pronostic, et parce que c’est une maladie dont des pays voisins ont démontré qu’ils pouvaient l’éradiquer par l’association du dépistage et de la vaccination. » On peut donc s’attendre à ce que le rapport final de la mission incorpore dans ses recommandations la vaccination contre le papillomavirus, dont le coût est estimé à 125 millions de Fcfp par an par la Ligue contre le cancer. |