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La politique de lutte contre le cancer critiquée par la CTC

© Delphine Barrais

Le plan cancer 2018-2022 n’a pas encore été reconduit, ni même évalué. En élaborer un nouveau est la première des sept recommandations à mettre en œuvre dès 2025 que formule la chambre territoriale des comptes dans ce rapport qui sera publié dans les prochains jours.

Le cancer est responsable de 26% des décès en Polynésie depuis 25 ans – c’est la deuxième cause de décès en Polynésie après les maladies cardiovasculaires –, et 800 à 900 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.

Les taux d’incidence du cancer sont globalement inférieurs à ceux de la métropole, hormis pour les cancers gynécologiques et les cancers féminins de la thyroïde. Et on dépiste plus tôt en Polynésie. Mais, car il y a un ‘mais’, la proportion d’adultes en surpoids – 48% de la population est en situation d’obésité – est un facteur aggravant et pèse sur la fréquence des cancers. Enfin, les cancers représentent 30% des dépenses en médicaments, soit 12,5 milliards par an dont 3,8 milliards pour les « molécules onéreuses », ces traitements dernier cri dont il faut anticiper la progression dans les années à venir mais peut-être mieux réguler la prescription, dit la CTC.

Le dernier plan cancer du Pays portait sur la période 2018-2022.  Perturbé par la crise Covid, il n’a pas été réellement évalué, mais la CTC juge que 10% seulement de ses mesures ont été réalisées, 65% engagées, et que 24% sont restées lettre morte. Depuis fin 2022, donc, la Polynésie navigue sans plan cancer. C’est donc la première recommandation de la chambre territoriale des comptes : établir un nouveau plan dès 2025. Les autres recommandations aussi invitent toutes le Pays à l’action dès l’année prochaine :  mettre réellement en œuvre le partage des données avec l’ICPF qui est chargé de tenir le registre du cancer, et obliger les médecins (sous peine de sanction financière) à déclarer les cas qu’ils dépistent, améliorer la prévention et la participation aux dépistages et envisager le dépistage gratuit du cancer colorectal à partir de 50 ans, et faire une étude sur les inégalités dans la prise en charge et la vie après le cancer. Et puis améliorer l’offre de soins par des coopérations renforcées entre le CHPF et l’Institut du cancer, et prévoir l’extension de l’offre de soins dans les archipels.

Jeudi à l’assemblée, à l’occasion de l’approbation des comptes de l’Institut du cancer et du CHPF, on entendra parler de l’offre de soins : être dépisté mais ne pas toujours pouvoir être soigné au fenua reste un problème majeur. Car malgré les interventions lénifiantes des responsables de la Santé, le manque d’oncologues au CHPF ne semble pas près de se résorber (lire ci-dessous).

L’oncologie au CHPF
  • De 2018 à 2023, le nombre de consultations a augmenté de 42% et le nombre de patients pris en charge a progressé de 23%
  • Hôpital de jour :  11 box + 4 fauteuils pour 7 000 séances annuelles
  • Unité d’hospitalisation : 12 à 15 lits (+7 lits en hématologie)
  • 11 482 séances de radiothérapie réalisées en 2023
  • Effectifs : 6 « équivalents temps plein » pour la lutte contre le cancer dont 4 oncologues. C’est insuffisant, et dans un contexte de pénurie générale de soignants le recrutement se heurte « à des exigences salariales incompatibles avec les statuts de la fonction publique locale » dans un secteur médical « très tournée vers la recherche, dont l’activité est faible en Polynésie française. » Le CHPF prépare son projet d’établissement qui « prévoit de consacrer une place importante à l’oncologie ». L’une des pistes également explorées est de développer la chimiothérapie dans les cliniques.