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La Polynésie en ordre de marche pour la Convention des Nations-Unies sur l’océan

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La soirée Te mana o te moana nui a hiva, organisée par l’Ifrecor mercredi soir au motu de l’Intercontinental a célébré les lauréats des premiers trophées To’a Reef. Mais elle était surtout l’occasion de mobiliser les acteurs institutionnels, associatifs, économiques et académiques pour la troisième « Unoc », pendant océanique des Cop sur le climat, et qui est organisée à Nice en juin 2025. Le Haussariat et le Pays comptent y porter main dans la main un « modèle polynésien » de protection des océans, basé sur l’expérience traditionnelle et sur l’innovation. D’autres représentants polynésiens, du côté du cluster maritime ou de la Fape notamment, devraient aussi être du voyage.

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« Le début de quelque chose », ce mercredi soir, sur le grand motu de l’Intercontinental. Près de 250 invités s’étaient réunis pour une soirée de « célébration du mana de notre océan » baptisée Te mana o te moana nui a hiva. Dans l’assistance, des élus, responsables institutionnels, associatifs, beaucoup de chefs d’entreprises, souvent membres du cluster maritime qui tenait quelques heures plus tôt au même endroit la restitution de son forum de l’économie bleu, des chercheurs ou des officiers de la Marine… Tous étaient venus à l’invitation de l’Ifrecor – Initiative française pour les récifs coralliens, un « catalyseur d’initiatives » qui a installé son comité polynésien, coprésidé par le Pays et l’État, en juin dernier – pour une cérémonie de remise des premiers trophées « To’a Reef ». Mais au delà de ce concours récompensant les meilleurs projets de protection des récifs – Tama no te tairoto avait obtenu le grand prix et une douzaine d’autres associations, entreprises ou écoles ont été distingués –  il s’agissait de fixer le cap vers un évènement de plus grande envergure : la troisième Conférence des Nations-Unis sur l’Océan, qui se tiendra à Nice en juin prochain.

« Nous avons besoin que vos acteurs soient représentés en nombre », lance Olivier Poivre d’Arvor

Car la Polynésie est bien invitée à cette « Unoc 3 », qui se veut le pendant océanique des COP climatiques et où l’État, à l’organisation avec le Costa Rica, espère des engagements internationaux aussi ambitieux que ceux de l’accord de Paris dix ans plus tôt. Un « temps extrêmement important », pour souligner les enjeux de protection des récifs et des espaces marins et pour porter les solutions polynésiennes sur la scène internationale, comme l’a souligné, dans une vidéo diffusée pendant la soirée, le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet, entre un mot d’encouragement de Kauli Vaast et une vidéo de présentation signée Tim McKenna.

Olivier Poivre-d’Arvor, Ambassadeur français pour les pôles et océans et « envoyé spécial » de l’Élysée pour l’organisation de cet évènement, avait lui aussi enregistré une intervention à distance. Il y rappelle que la ZEE polynésienne, avec ses 4,8 millions de km2 représente près de la moitié des surfaces maritimes françaises et qu’à ce titre le fenua « est concerné au premier chef par les problématiques de préservation de l’océan ». « C’est pourquoi nous avons besoin que vos acteurs politiques, scientifiques et économiques soient représentés en nombre à la conférence de Nice, pour faire entendre les voix de la Polynésie », précise le diplomate et écrivain. Il avait déjà présenté à Moetai Brotherson les ambitions de l’Unoc 3 lors du dernier forum des îles du Pacifique, et insisté sur la représentation de toute la région lors de l’évènement.

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Tout un « modèle » à faire connaître

Le Pays et le Haut-commissariat, n’avaient pas attendu cette soirée pour entamer la préparation de l’évènement international. Comme l’a rappelé Moetai Brotherson, l’idée est d’y mettre en avant un “modèle polynésien” de protection des océans, basé à la fois sur les pratiques traditionnelles comme les rahui et sur les innovations qui peuvent être testées au fenua, des swacs aux opérations de surveillance et de restauration collective des coraux. Cette troisième conférence des Nations-Unis sur l’océan, après celle de New-York en 2017 et de Lisbonne en 2022, doit aussi être l’occasion d’affirmer les « engagements forts » de la Polynésie pour « préserver le mana de notre océan » : « préserver les récifs coralliens et la santé des lagons », bien sûr, « renforcer la coopération scientifique et l’acquisition de connaissances sur les grands fonds marins », « promouvoir le modèle polynésien de protection des espaces et des ressources marines », mais aussi « placer l’océan au cœur de sa stratégie de l’innovation durable 2030 » et « montrer la capacité du territoire à développer des énergies marines renouvelables ».

Des engagements listés par le haut-commissaire Éric Spitz qui a rappelé que plusieurs évènements ponctueraient la préparation de la conférence de Nice. Sont notamment au menu, des rendez-vous de la plateforme animée par l’IRD sur les grands fonds marin, un nouveau séminaire des gardes-côtes du Pacifique prévu pour décembre, et une autre grande réunion régionale, en mars 2025, sur la gestion des zones protégées… Bref « tout un chemin » vers la conférence de Nice, qui s’inscrit dans ce que l’État appelle depuis septembre « l’Année de la mer ». Une année déjà évoquée lors de la dernière fête de la Science, mais « officiellement lancée » hier à l’Intercontinental. À noter que Moetai Brotherson et son ministre de l’Environnement Taivini Teai ont déjà prévu un voyage à Nice en juin prochain, mais que plusieurs autres représentants institutionnels, associatifs – avec notamment la Fape – ou économiques, avec le cluster maritime, devraient aussi être du voyage.

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