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La rédaction de France Télévisions en conflit ouvert avec Michel Field

Paris (AFP) – Les journalistes de France Télévisions ont préparé jeudi une motion de défiance à l’encontre du directeur de l’information du groupe, Michel Field, avec qui les rapports se sont fortement dégradés ces derniers jours.

Réunis en assemblée générale, environ 300 journalistes se sont mis d’accord pour rédiger ce texte, qui sera soumis au vote mardi et qui « agrège toutes sortes de mécontentements qui ont pu s’exprimer », selon Manuel Tissier, président de la Société des journalistes (SDJ) de France 2.

Cette motion demandera aux rédactions: « Faites-vous confiance à Michel Field pour diriger l’information de France Télévisions? », a précisé Pascale Justice de la SDJ de France 3.

« On déclenche ce qui est pour quelques journalistes l’arme ultime de nos rédactions », a expliqué Manuel Tissier, ajoutant que les sentiments sont partagés entre des journalistes qui pensent qu’une motion est « surdimensionnée » et d’autres qui estiment qu' »on a atteint un point de non-retour ».

« On a un problème avec le mépris et les mensonges dont Michel Field a fait preuve à l’égard des rédactions », déplore Bastien Hugues, de la SDJ de FranceTV info. 

L’ex-trotskiste de 61 ans s’était déjà mis à dos les syndicats du groupe en reprenant l’épineux dossier de fusion des rédactions de France 2 et France 3, initié par l’équipe précédente, et contre lequel une grève a été décrétée jeudi dernier.

Mais c’est son passage dimanche dans une émission de Canal+ qui a mis le feu au poudre à France Télévisions.

Il y commente le mouvement de grève du jeudi précédent en lançant: « Comme disait Jacques Chirac, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. »

Il y revient aussi sur l’éviction d' »Envoyé Spécial » des journalistes Guilaine Chenu et Françoise Joly, en critiquant leurs choix éditoriaux, et plaisante sur le sort du présentateur de « Complément d’Enquête », Nicolas Poincaré, en lâchant: « Nicolas, si tu nous écoutes: ne te suicide pas tout de suite! »

Michel Field a confié ces deux émissions à la journaliste Élise Lucet dans le cadre d’une refonte de la grille de France 2 le jeudi soir, qui devrait également voir arriver de nouvelles émissions politiques.

– Polémique autour de l’émission avec Hollande –

Syndicats et SDJ s’alarment aussi du fait que la production d’une de ces futures émissions puisse être confiée à une société extérieure à la chaîne, celle de Renaud Le Van Kim (ex-producteur du « Grand Journal »), selon la CGC. 

Parallèlement, une polémique a éclaté autour des intervenants prévus face à François Hollande dans l’émission « Dialogues Citoyens » sur France 2 jeudi soir, une déléguée syndicale FO disant avoir été écartée à la demande de l’Élysée.

Devant l’indignation suscitée par ses propos tenus dimanche, Michel Field a envoyé à la rédaction un courriel où il dit « regretter » « des maladresses ». 

Les rédactions s’inquiètent aussi de la future chaîne d’information publique, après un soutien initial, et ont interpellé à ce sujet la ministre de la Culture dans une lettre ouverte publiée jeudi dans Libération.

« Serez-vous la ministre qui recréera l’ORTF? », s’interrogent les SDJ, s’inquiétant d’une « fusion déguisée, prélude au mariage de Radio France et France Télévisions » à cause du nom pressenti pour la future chaîne, « France Info ».

Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions qui a lancé le projet, a affiché mercredi son soutien à Michel Field, lors d’un passage dans les rédactions, selon une source syndicale.

Agrégé de philosophie, Michel Field n’avait pas d’expérience de management avant de rejoindre France Télévisions. Il a enseigné pendant une dizaine d’années avant de se consacrer au journalisme et à l’écriture (il a publié une dizaine de romans).

Il a présenté pendant plus de 20 ans des émissions politiques et culturelles à la radio (France Culture, Europe 1) et à la télévision (France 2, France 3, TF1, LCI, Paris Première, Histoire).

Sa première expérience de dirigeant remonte à la rentrée 2015, quand Delphine Ernotte le nomme à la direction de France 5, qu’il quitte quelques semaines plus tard pour la direction de l’information du groupe, avec pour mission de donner un nouveau souffle à l’information.