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La réforme de la présidentielle qui désavantage Temaru

©Cédric Valax

Jeudi dernier, les députés ont examiné une proposition de loi visant à modifier les règles de candidature à la présidentielle pour imposer la publicité des parrainages et supprimer l’égalité du temps de parole des candidats. Une réforme qui désavantage les « petites candidatures » comme celle d’Oscar Temaru, même si le Tavini affirme qu’il en « faudrait plus » pour faire reculer son leader.

Jeudi dernier, les députés de l’Assemblée nationale ont étudié une proposition de loi organique relative à la modernisation des règles applicables à l’élection présidentielle. Les débats ont été particulièrement houleux sur les principales modifications de la règle actuelle concernant les parrainages, le temps de parole dédié aux différents candidats ou encore les heures de fermeture des bureaux de vote. Selon ce texte, les parrains auront désormais la tâche d’envoyer eux-mêmes au Conseil constitutionnel leur soutien à tel ou tel candidat. Les documents ne seront plus envoyés par les candidats eux-mêmes. De plus, la liste intégrale des parrains sera désormais rendue publique. Pour la vice-présidente de la commission des lois, Cécile Untermaier, élue du Parti socialiste de la Saône-et-Loire, la publication des parrainages constitue : « une réelle innovation (…) qui garantit (…) la transparence de la vie publique (…). Cette évolution permet de responsabiliser tous les acteurs (…). Elle permet aussi de respecter le principe d’égalité entre les parrains, lesquels seront désormais tous connus ». En revanche, l’élu de l’Essonne et ancien candidat à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan affirme que : « les grands partis traditionnels (…) font tout pour exclure des candidatures différentes. Voilà la réalité ! Ainsi, l’article 3 (…) soumettra les maires à une incroyable pression : Ils subiront des pressions politiques, on leur fera du chantage aux subventions… Les maires auront désormais peur de parrainer des candidats (…). Ce qui est choquant, c’est l’hypocrisie, la tartufferie de cette proposition de loi organique, qui vise, de manière détournée, à limiter le nombre de candidats à l’élection présidentielle ».

En Polynésie, cette proposition de loi dessert évidemment le projet de candidature du leader indépendantiste, Oscar Temaru. Et pour le conseiller du Tavini, Moetai Brotherson, qui s’occupe de la candidature d’Oscar Temaru, ces modifications sont « lamentables ». Il estime que : « C’est une façon d’intimider un peu plus ceux qui signent ».

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Sur la question de « l’équité » et non plus de « l’égalité » du temps de parole des candidats pendant la campagne, l’élu du Parti radical de gauche Roger-Gérard Schwartzenberg considère que : « ce concept d’équité, particulièrement vague et flou, risque d’instaurer une seconde sélection (…) très dangereuse. Après celle des parrainages (…), il s’agira d’une sélection par les médias audiovisuels, par les dirigeants de l’audiovisuel, dont l’indépendance, on le sait, n’est pas totale, qu’il s’agisse de chaînes du service public ou d’intérêts privés ». De l’autre côté, la rapporteure du texte et élue de Seine Saint-Denis, Elisabeth Pochon, affirme : « Il faut sortir d’une certaine hypocrisie : tous les candidats n’ont pas droit au même traitement quand on applique les règles de l’égalité. Nous avons constaté au cours des élections précédentes que ce n’était pas le cas. Passer à l’antenne dix minutes à deux heures du matin ou à vingt heures, ce n’est pas tout à fait la même chose ».

Là encore, Moetai Brotherson considère : « qu’être candidat à ces élections (…) est un véritable chemin de croix. Et une fois parvenu à être candidat on se retrouve encore à être ostracisé (…). Je trouve cela lamentable au Pays des droits de l’homme ».

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Le texte voté jeudi par l’Assemblée nationale en seconde lecture a été transmis au Sénat. Il ne sera définitivement adopté qu’après avoir été voté par les deux chambres.