Trois mois après l’ouverture de la ressourcerie de Mahina, le Pays, via la Direction de l’environnement, vient d’octroyer une enveloppe de plus de six millions de francs à l’association Ti’ai Fenua. La ressourcerie devra assurer, dans un premier temps jusqu’en mai prochain, la revalorisation d’une tonne de déchets par mois. À terme, le réseau de ressourceries que l’association veut créer sera un des éléments clefs du futur schéma territorial de prévention et de gestion des déchets. Et une source d’emplois, via la création d’une nouvelle certification et d’un organisme de formation.
On le sait, le Pays envisage de reprendre la compétence du traitement des ordures ménagères jusque-là dévolue aux communes. Et c’est dans ce sens qu’il s’est engagé à soutenir financièrement Ti’ai Fenua et sa ressourcerie de Mahina, ouverte en juin dernier. Une manière de favoriser l’économie circulaire, qui fait partie des axes clefs du futur schéma territorial de prévention et de gestion des déchets sur lequel travaillent les acteurs du secteur .
Un travail interministériel
Ce document, entre autres, clarifiera les compétences respectives du Pays et des communes. Une nouvelle phase apparaîtra donc entre la collecte et le traitement : la prévention des déchets. Et c’est à Ti’ai Fenua qu’elle devrait revenir, à entendre le ministre de l’environnement Taivini Teai. « C’est en effet cette association qui intervient dans la prévention, avant que les objets ne deviennent des déchets. Au niveau du Pays, il s’agit d’un projet interministériel, car on voit bien qu’on a besoin de la collaboration du ministère du Travail, de l’Environnement et, puisque nous nous orientons vers un statut d’économie sociale et solidaire, du ministère des Finances et de l’Économie. »
Ti’ai fenua, structure d’insertion sociale par l’activité économique
L’idée est donc de favoriser le déploiement de ressourceries sur toute la Polynésie, à l’image de celle de Mahina, et de contribuer à la création du réseau de ressourceries porté par Ti’ai Fenua, désormais reconnue comme structure d’insertion sociale par l’activité économique.
Un impact positif sur les finances
D’après Ryan Leou, chef de projet en gestion des déchets à la Diren, il s’agit d’un travail complémentaire à celui du syndicat Fenua Ma, et qui devrait avoir un impact positif sur les finances. « Si un déchet passe par une ressourcerie, on en réduit le volume, ce qui permet de mieux traiter les matières valorisables. Une machine à laver, par exemple, représente un grand volume pour peu de valeur. Si elle n’est pas réparable, la démonter permet de réduire son volume, et donc le coût du fret. »
Une formation aux métiers du réemploi
La ressourcerie de Mahina, en tant que projet pilote, devra donc faire ses preuves dans les mois à venir, mais les premiers résultats sont encourageants, tant sur le plan environnemental que social. Depuis son ouverture, près de quatre tonnes de biens ont été revalorisés, et quatre personnes y sont employées et formées au métier d’agent valoriste de biens de consommation (une certification en cours, de niveau 3 et 4, équivalent au Bac ou au CAP). Une activité que Ti’ai Fenua ambitionne de professionnaliser , en créant d’ici deux ans, le premier « organisme de formations aux métiers du réemploi au fenua ».