Radio1 Tahiti

La Russie accuse « l’Occident » de vouloir la déstabiliser

GUERRE FROIDE – Moscou en est sûre : les alliés de l’Ukraine font tout pour permettre un coup d’Etat en Russie, tout simplement.

Ces propos n’engagent qu’elle mais les mots sont lâchés : la Russie est persuadée que l’Occident fait tout pour susciter un coup d’Etat à Moscou et faire tomber le pouvoir. L’Occident a « montré sans ambiguïté qu’il voulait obtenir un changement de régime en Russie », a accusé samedi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. « Il y a des leaders occidentaux qui disent qu’il faut mettre en place des sanctions qui détruiraient l’économie (russe) et provoqueraient des protestations populaires », a-t-il ajouté, cité par les agences russes.

>> LIRE AUSSI – Ukraine : près de 1.000 morts depuis la trêve

L’Ukraine accuse Moscou d’une nouvelle ingérence… Cette attaque verbale ne tombe pas par hasard puisqu’elle intervient dans un contexte de regain de tension dans l’est de l’Ukraine. Kiev et l’Otan accusent Moscou d’avoir récemment envoyé des renforts matériels et humains aux séparatistes. Samedi matin, le ministre ukrainien de la Défense s’est montré encore plus précis en affirmant que 7.500 soldats russes et des chars avaient été repérés dans la région du Donbass. Et l’état-major ukrainien de faire aussi état de l’entrée depuis la Russie de 20 nouveaux équipements militaires par le poste-frontière Izvariné sous contrôle des séparatistes pro-russes. En réaction, Kiev a reçu de nouveaux équipements de la part des Etats-Unis.

>> LIRE AUSSI – Ukraine : pourquoi l’est s’embrase (encore) ?

… Qui accuse lui-même l’Occident d’ingérence. La réaction de Moscou n’a pas tardé mais pour déplacer le débat sur un autre terrain : les tentatives de déstabilisations dont serait victime la Russie. Dans une nouvelle phase de l’escalade verbale, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré samedi que l’Occident avait « montré sans ambiguïté qu’il voulait obtenir un changement de régime en Russie ».

Les sanctions européennes et américaines introduites après l’annexion en mars de la Crimée et durcies à la suite ducrash du vol MH17 avec 298 personnes à bord, abattu par un missile au-dessus du territoire contrôlé par les séparatistes pro-russes en Ukraine, portent un coup dur à l’économie russe au bord de la récession. Le rouble a perdu près du tiers de sa valeur face à l’euro depuis le début de l’année.

Un dialogue de (presque) sourds entre la Russie et « l’Occident ». La déclaration des autorités russes est surtout une manière de répondre à ce qu’elle perçoit comme une vraie provocation : la nouvelle majorité parlementaire ukrainienne, qui a largement dominé les législatives du 26 octobre, a annoncé vendredi que l’adhésion à l’Otan serait une priorité pour l’Ukraine.

La majorité pro-occidentale au nouveau Parlement ukrainien qui siègera à partir de la semaine prochaine s’est engagée vendredi à modifier d’ici la fin de l’année la législation nationale afin d' »annuler le statut non-aligné de l’Ukraine » et « relancer la politique en vue d’une adhésion à l’Otan », au risque d’ulcérer la Russie. Car Moscou refuse de voir à ses frontières un membre de l’Otan et tient à conserver un glacis autour de sa fédération.

Cette hypothétique adhésion de l’Ukraine à l’Otan est pourtant hypothétique : « les pays membres de l’Otan sont incapables de trouver un consensus quand aux sanctions contre la Russie, et accepter dans les rangs de l’Alliance un pays avec un conflit armé avec la Russie, c’est de la science-fiction », a prévenu Vassyl Filiptchouk du Centre international pour les études politiques à Kiev. Mais le symbole est fort pour Moscou, qui peut aussi fédérer ses citoyens contre une supposée menace extérieure.

>> LIRE AUSSI – Au G20, Hollande élude la question des navires Mistral

Source : Europe 1