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La S3P reconduite à la gestion du port de pêche pour cinq ans

Le conseil d’administration du Port autonome a attribué ce mardi la DSP sur la gestion du port de pêche à la S3P. Une société d’économie mixte qui rassemble les acteurs publics et privés de la filière, déjà aux commandes de ces 7 hectares de pontons, quais, ateliers et chambres froides depuis 2009, et dont la gestion a été critiquée par le passé par la CTC. Il s’agit, grâce à cette nouvelle DSP et aux revalorisations de redevances qui l’accompagnent, de rationaliser l’activité et surtout d’accompagner les ambitions de la pêche polynésienne. Un programme de réaménagement et d’extension du port de pêche est en cours et la S3P attend aussi des modernisations d’équipements, notamment du côté des tours à glace.

La décision n’est pas surprenante, mais elle était tout de même attendue avec un brin d’impatience sur les quais. Ce mardi matin, le conseil d’administration du Port autonome de Papeete (Pap) a officiellement attribué, pour les cinq années à venir, la gestion du port de pêche et de son « marché d’intérêt territorial » à la S3P. Cette société d’économie mixte, créée dès 1995 pour rassembler les autorités publiques et les professionnels du secteur*, a longtemps laissé la CCISM aux manettes, mais c’est elle qui organise, depuis 2009 l’activité des armateurs, pêcheurs, mareyeurs, exportateurs et autres professionnels sur le port de pêche.

Ses deux délégations de service public – du Pays et du Pap – devaient prendre fin en décembre 2022, elles ont été prolongées le temps d’une réorganisation administrative : c’est désormais le seul Port autonome qui est en charge de ces 7 hectares de pontons, quais, ateliers, dock de stockage et autres chambres froides. Après une première procédure avortée en 2023, l’appel à candidatures pour trouver un nouveau délégataire avait été lancé au mois de juin, l’offre – unique, celle de la S3P – déposée au mois de juillet… Et l’attribution, qui reste à être notifiée, commençait à presser : au 31 décembre, plus personne ne gérait le port de pêche de Papeete.

Des redevances en hausse pour équilibrer l’activité

La S3P rempile donc, et seulement pour 5 ans, contre 10 dans le premier projet de DSP. Mais la société d’économie mixte, désormais contrôlée majoritairement par le Pays, se console sur la nouvelle grille de redevances qui va s’appliquer avec cette nouvelle délégation au 1er janvier. Les tarifs payés par les professionnels pour débarquer sur le port de pêche, utiliser les pontons ou les infrastructures, et les différents services comme la collecte des huiles usagées vont être revus à la hausse pour les mettre en cohérence avec les coûts. Objectif : rationaliser l’activité d’une société structurellement déficitaire ces dernières années, et dont la « gestion approximative » a été dénoncée, début 2024, par la Chambre territoriale des comptes.

De nombreuses irrégularités – voire même, du côté d’ancien agents gérant les tours à glace, des détournements – avaient été relevés, et les magistrats financiers encourageaient la société à davantage de rigueur dans sa facturation, son recouvrement, la maitrise de ses coûts de fonctionnement, en plus du développement de nouvelles activités pour augmenter le chiffre d’affaires. Ce qui est bien l’objectif de la direction, qui veut proposer de nouvelles possibilités de valorisation des produits de la mer, ainsi que des déchets de poissons, plus de 2000 tonnes annuelles en grande partie immergées au large.

Réorganisation, extension, modernisation

Il s’agira surtout pour la S3P d’accompagner les ambitions de la filière pêche, qui connait une importante croissance : d’un peu plus de 5 000 tonnes en 2017, les débarquements de la flotille de palangriers, elle-même en pleine expansion, frisent désormais les 9 000 tonnes annuelles de thonidés. Et l’objectif du gouvernement, partagé par les professionnels même s’ils doutent de son réalisme, est fixé à 18 000 tonnes d’ici 2030. Pour ça, le port de pêche doit être entièrement repensé, une idée déjà mise sur la table avant d’être avortée en 2022. Le Port autonome est désormais aux commandes du projet, et fait travailler un spécialiste depuis de longs mois sur ce schéma de réaménagement, de réorganisation en déplaçant certains acteurs pour éviter les conflits d’usage, et d’extension de la zone, du côté de la Papeava. Un premier projet et un premier calendrier doivent être proposé aux professionnels dans les semaines à venir.

Dans le même temps, il s’agira de moderniser certains outils de travail des pêcheurs, mareyeurs, exportateurs et autres professionnels du port. Beaucoup de projets sont à lancer ou à débattre – certains armateurs voudraient par exemple retrouver une criée, ce qui ne semble pas être à l’ordre du jour – mais les regards sont avant tout tournés vers les tours à glace, indispensables à l’activité. La plus récente est en attente de réparation depuis de longs mois, les deux plus âgées – 20 et 30 ans – tiennent tant bien que mal, et leur remplacement a été estimé à 200 millions de francs chacune. Un investissement un temps envisagé par la DRM, désormais confié au port, qui doit encore lancer les procédures de commande et d’installation. La S3P espère ainsi être rééquipée d’ici 2027.

* Depuis l’année dernière, le Pays détient 63% du capital, le port autonome et la CCISM s’en partagent 20%, la coopérative des pêcheurs, la Socredo et quelques petits actionnaires privés constituent les 15% restants.

 

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