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La Saintonge bientôt sauvée par l’État et le Pays ?

Le projet de budget primitif prévoit 45 millions de Fcfp pour une étude sur la réhabilitation de La Saintonge, le bâtiment de la mairie de Arue, pourtant destiné à la destruction par le conseil municipal. Mais l’État et le Pays auraient décidé d’intervenir pour que cette décision soit revue, et seraient même prêts à assurer 80% du financement des travaux.

Verrue coloniale pour les uns, glorieux patrimoine local pour les autres, La Saintonge, cette ancienne maison privée qui abrite la mairie de Arue depuis 1978, pourrait être sauvée de la démolition malgré le vote du conseil municipal en novembre 2022, deux ans après sa fermeture au public. L’État et le Pays envisagent de venir au secours de la bâtisse, à hauteur de 80% des frais de reconstruction à l’identique, la solution que tavana Iriti estimait « la plus coûteuse ». Et le projet de budget primitif du Pays prévoit, pour une nouvelle étude, 45 millions de Fcfp logés dans le programme Culture et patrimoine.

« Un représentant de l’État est venu nous voir et nous a proposé de nous accompagner pour une rénovation ou une reconstruction à l’identique. Au mois de juin dernier, le conseil des ministres a exprimé son intérêt pour classer ce bâtiment, dit Teura Iriti. Le seul petit souci, c’est qu’effectivement au sein du conseil municipal, il y en a qui ne sont pas d’accord, parce qu’en fait ce lieu, avant La Saintonge, c’était un marae. »

Chargé du « parcours historique et culturel » de la commune, le troisième adjoint Jacky Bryant, qui n’a jamais caché son peu de goût pour La Saintonge, estime que l’emplacement actuel de la mairie, en-dessous du marae Piihoro et de la vallée de la rivière Pipine qui recèle des paepae et des grottes funéraires, mérite d’être mis en valeur autrement qu’en y reconstruisant une « maison coloniale » et s’exclame : « Faut quand même pas se foutre de la gueule du monde. Ils sont en train d’acheter notre histoire. »

Lors d’une réunion récente avec le ministre de la Culture Ronny Teriipaia, explique Teura Iriti, qui reconnait que la précédente enquête publique n’avait pas beaucoup mobilisé, « il a été convenu de faire une consultation de la population de Arue, en leur présentant tout l’historique de La Saintonge, et tout l’historique de ce lieu »,

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Extérieur restauré, intérieur neuf

Teura Iriti pense qu’une majorité en faveur de la préservation du bâtiment se dégagera de cette consultation. Le Pays et l’État enverraient alors des experts pour refaire une évaluation. La reconstruction à l’identique ne concernerait que l’extérieur de La Saintonge, tandis que l’intérieur serait restructuré aux normes d’aujourd’hui.

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Teura Iriti espère que le projet pourra se réaliser, notamment pour libérer des fonds et mettre en valeur un autre site, riche en pétroglyphes, face à l’école Ahutoru.

Est-ce que ce sera suffisant pour calmer Jacky Bryant, qui dénonce la remise en cause d’une « décision souveraine » du conseil municipal ? « Ça voudrait dire que quatre membres de l’opposition ont plus de poids que la majorité qui a voté, et qu’on refait une étude à chaque fois que la précédente ne plaît pas », dit-il. Arue dispose d’autres sites communaux pour installer une mairie digne de ses administrés, dit-il encore. Et il rappelle aux élus de l’opposition que l’ancien maire Phillip Schyle est resté en poste 18 ans sans envisager de reconstruction.

Du côté de l’opposition municipale, Tepuanui Snow souhaiterait que « tout le territoire puisse s’exprimer » sur la sauvegarde de cette maison « magnifique » qui « fait partie de notre histoire ». En outre, il estime que l’équipe de Teura Iriti, qui vient de faire voter un report de crédits de 250 millions de Fcfp, « consacre déjà beaucoup d’argent à la culture. On n’a rien de concret, que de ‘l’animationnel’ ».

La nouvelle consultation publique pourrait se tenir au début de l’année prochaine.