Le tribunal civil a rejeté le recours du groupe Ping Tai Rong Ocean Fishing contre la saisie d’un de ses thoniers. Le navire restera donc à quai au port de Papeete, en attendant que l’armateur chinois procède à l’évacuation d’un autre de ses bateaux de pêche, échoué sur le récif d’Anuanurunga depuis le 23 juillet. Ou paie une caution de 150 millions de francs.
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Satisfaction du côté du Pays. Malgré les vives protestations de son armateur, le Ping Tai Rong 316 restera bien à quai. Le groupe de pêche chinois avait saisi le tribunal civil pour contester la saisie conservatoire du bateau, obtenue la semaine passée devant le tribunal de commerce, et concrétisée au port de Papeete par voie d’huissier. Le juge, statuant en référé, a écarté les arguments du Pays sur « l’erreur d’aiguillage » du recours, mais reconnu le bien-fondé de sa démarche. La Polynésie avait mis en avant une « créance maritime » de Ping Tai Rong Fishing Group à son égard, du fait du naufrage d’un autre de ses thoniers, le Ping Tai Rong 49, sur l’atoll d’Anuanurunga, le 23 juillet. Les circonstances exactes de cet échouement font l’objet d’une enquête approfondie et le capitaine et le second du bateau échoué, sous contrôle judiciaire « léger », allaient embarquer sur le Ping Tai Rong 316, dérouté spécialement pour venir les chercher, lorsqu’il a été saisi.
Jusqu’à quand ce thonier – dont l’état, extérieur du moins, parait lui aussi vétuste – devra-t-il rester à quai ? Tout dépend désormais de son armateur. Le tribunal a conditionné l’octroi d’une « mainlevée » de la saisie – et donc le départ du bateau – au versement d’une garantie de 150 millions de francs par la société chinoise. Une somme qui pourra être consignée sur le compte sécurisé d’un avocat du Pays (compte Carpa) ou qui devra faire l’objet d’une « caution irrévocable » auprès d’une banque de la place. C’est ce type de garantie, qui doit permettre de s’assurer que l’armateur prendra bien à sa charge les frais d’enlèvement ou de démantèlement du navire, qui était demandé par l’avocat du Pays, mais pour un montant plus élevé : 270 millions, d’abord, puis 320 millions, lors de l’audience hier, au vu des premières estimations de coût de l’opération.
Le propriétaire du navire, lui, n’offrait « que » 50 millions de francs, sous forme d’une garantie écrite via une assurance professionnelle d’armateur. L’avocate de ce dernier avait précisé, au palais de justice, que le chantier de dépollution du bateau à Anuanurunga était déjà bien avancé et que des négociations étaient en cours, avec une société fidjienne notamment, pour le contrat d’évacuation. Pas suffisant pour les autorités. Le Pays, échaudé par plusieurs naufrages à l’occasion desquels le Pays avait dû se substituer à l’armateur pour prendre en charge ces opérations, demande avant tout « du concret ».