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La timide reprise de l’activité en mai et juin


Après un mois d’avril léthargique, mai et juin devaient marquer le temps du réveil, pour l’économie du fenua. D’après les résultats d’une enquête publiée par le Cérom, cette reprise a été difficile. Et même si pour les entrepreneurs beaucoup d’inquiétudes ont été levées entre mai et juillet, les perspectives de retour de chiffre d’affaires s’étirent souvent sur plusieurs années.

C’est l’IEOM, membre du Cérom (Comptes économiques rapides pour l’Outremer) comme l’ISPF ou l’AFD, qui a mené l’enquête dans les trois premières semaines de juillet. 2400 entreprises contactées, pour 924 réponses au questionnaire numérique. « Nous avions fait une enquête à la sortie du confinement, au mois de mai, et il nous fallait refaire un point pour prendre en considération la reprise d’activité », explique le directeur de l’institut, Claude Périou. Car si le déconfinement total n’a été acté que le 21 mai dans toute la Polynésie, les entreprises étaient largement encouragées à reprendre progressivement leur activité dès la fin avril.

Manque de clientèle internationale, mais aussi locale

Sans surprise, le rebond a été difficile ou du moins inégal. Si près de la moitié des entreprises interrogées constatent bien une reprise, elle n’est perçue comme « forte » que dans 7% des cas. Surtout, 37% des patrons ont observée une poursuite de la dégradation de leur activité en mai et juin. Tout est une question de secteur, explique Claude Periou.

Les facteurs limitant la reprise diffèrent, eux aussi, suivant les secteurs d’activité. Mais outre l’absence de clientèle internationale, citée dans 51% des cas (la réouverture du ciel ne s’est faite qu’après la période étudiée), ou les problèmes de fret, c’est aussi la commande publique (24%) et surtout, le manque d’entrain de la clientèle locale (54%) qui apparaissent comme des freins importants.

Les entrepreneurs le savent : les mois à venir seront difficiles. « Le bilan sur l’année pourrait s’avérer lourd pour 30 % des entreprises qui redoutent une perte de plus de la moitié de leur chiffre d’affaires », écrit l’IEOM. 73% des structures interrogées ont connu une perte de trésorerie et c’est tout le tissu économique qui est touché. 29% des entreprises n’ont pas pu payer à temps leurs fournisseurs, leurs taxes, impôts ou leurs cotisations sociales (hors reports autorisés) et 48% subissent ces retards de paiement de la part de leurs clients.

7% redoutent une cessation de paiements

Des difficultés qui semblent effectivement allégées par les dispositifs publics de l’État ou du Pays. Une entreprise sur trois dit avoir fait appel aux prêts garantis par l’État (avec 60% de dossiers acceptés), quatre sur 10 au report des impôts et taxes (acceptés dans 71% des cas). Les mesures de sécurisation de l’emploi (Diese et deseti) ont quant à elle surtout bénéficié au tourisme (64% des entreprises du secteur en ont bénéficié) et à la restauration (18%). L’appréciation de ces aides publiques est variable : 56% des entreprises interrogées estiment avoir eu accès à des financements suffisants, contre 44% qui en espéraient plus des autorités.

Côté perspectives, aucun doute, « la vision des entreprises est globalement plus positive, en juillet, qu’à la sortie du confinement en mai » explique Claude Periou. Une vision plus positive mais toujours inquiète. Seul un petit tiers des entreprises ont déjà retrouvé le chiffre d’affaires d’avant confinement ou prévoient un « retour à la normale » dans les 6 prochains mois. Dans un quart des cas, ce rétablissement se fera, d’après les entrepreneurs, entre la fin 2021 et le début 2022. 20% des entreprises ne voient pas comment elles retrouveront leur niveau d’activité avant deux ans, ou évoquent la possibilité d’une cessation de paiement.

À noter que l’IEOM doit publier, dans les deux prochaines semaines, une actualisation de l’indicateur de climat des affaires. Une autre enquête devrait plus tard être menée pour étudier les conséquences de la consommation locale sur la reprise pendant ces vacances. Et bien sûr pour mesurer l’impact de la réouverture du ciel, le 15 juillet.

 

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