ACTUS LOCALESJUSTICE La troublante deuxième affaire Air Moorea Valentine BLUET 2017-10-03 03 Oct 2017 Valentine BLUET © Radio 1 Le parquet de Papeete a requis mardi des peines de prison avec sursis et d’interdictions temporaires d’exercer à l’encontre de l’ancien pilote d’Air Moorea, Claude Marreaud, du contrôleur de production, Didier Quemeneur, et du responsable mécanicien de la compagnie, Vincent Roche. Il a également requis 1,5 million de Fcfp d’amende contre la compagnie à la suite de la découverte d’une série de dysfonctionnements dans la maintenance d’un appareil en 2007, quatre mois après le tristement célèbre crash d’Air Moorea. Les faits remontent au mois de décembre 2007, quatre mois après le crash d’Air Moorea. A l’époque, un twin otter de la compagnie aérienne avait été utilisé pour transporter plusieurs dizaines de personnes lors du festival des Marquises. Un co-pilote s’était alors inquiété d’une raideur non-réparée sur les commandes des ailerons du twin otter. Le mécanicien avait répondu que la raideur était due au changement récent du câble. Et le problème n’avait été signalé formellement que trois jours après ces premières inquiétudes par le pilote, à la fin du festival. Lors du contrôle de maintenance, il s’était avéré que le câble avait été mal positionné et qu’il était prématurément usé. Les faits avaient d’abord été passés sous silence par la compagnie, avant que le copilote à l’origine de la dénonciation ne les révèle à la justice. Un procès pour manquement aux obligations de « prudence et de sécurité » Le procès du pilote, du mécanicien, du contrôleur de production et de la compagnie Air Moorea s’est tenu mardi matin. La justice reproche au pilote ne n’avoir pas déclaré le problème plus tôt, sachant que 147 personnes avaient été convoyées dans cette période. Le mécanicien est accusé de ne pas avoir vérifié lui-même le changement du câble opéré par des mécaniciens en formation. Et enfin, le contrôleur de production d’avoir signé l’autorisation de vol sans vérifier les travaux réalisés. A la barre, les trois prévenus ont chacun estimé avoir fait leur travail. Ils ont mis en cause l’ambiance délétère qui régnait au sein de la compagnie, seulement trois mois après le crash qui avait coûté la vie à 20 personnes. Un drame qui aurait dû provoquer « une surveillance accrue de la part de la compagnie » a estimé le procureur, Michel Bonnieu : « si ce câble avait cédé on était devant une nouvelle catastrophe aérienne ». Le procureur a requis un an de prison avec sursis et un an d’interdiction d’exercer à l’encontre du mécanicien et du contrôleur de production, un an de prison avec sursis et trois ans d’interdiction d’exercer pour le pilote, et enfin une amende 1,5 millions de Fcfp à l’encontre d’Air Moorea. L’association 987 demande à être partie civile Les avocats de la défense ont tous demandé la relaxe estimant que chacun n’avait pas l’obligation, soit de dénoncer le problème, soit de vérifier le câble. Une position soutenue par le rapport du Bureau d’enquête et d’analyse pour la sécurité de l’aviation qui a estimé que « la dureté des commandes n’était pas un incident et qu’il n’y avait pas de danger pour l’équipage et les passagers ». Pour Me Quinquis, avocat de la compagnie et du mécanicien, il s’agit d’une simple « imprudence ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2017/10/AIR-MOOREA-02.mp3 Nikolaz Fourreau, président de l’association 987, était présent à l’audience mardi matin. L’association a demandé à se constituer partie civile dans l’affaire, vue les similarités avec le crash d’août 2007. Nikolaz Fourreau s’est dit satisfait que les problèmes de gestion d’Air Moorea soient reconnus par la justice. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2017/10/AIR-MOOREA-01.mp3 La décision a été mise en délibéré au 24 octobre prochain. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)