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La vague de deuxièmes doses engorge les centres de vaccination

Après le bond des premières injections il y a quelques semaines, plusieurs milliers de Polynésiens doivent désormais faire leur rappel de vaccin anti-Covid. Malgré les annonces de renfort de la présidence, les centres de vaccination ont du mal à suivre, par manque d’effectifs plus que par manque de doses.

Il y a presque un mois, le 11 mars, Édouard Fritch créait la surprise en annonçant l’ouverture à tous de la campagne de vaccination. Plus de phases, plus de priorités… et plus de 10 600 premières doses injectées les deux semaines suivantes. Des volontaires qui se présentent depuis le début de semaine dans les centres de vaccination, armés de leur certificat de vaccination, et du petit papier qui y est attaché, indiquant la date de leur rappel. Une affluence importante pour des capacités de prises en charge toujours limitées. De quoi créer de longues files d’attente – une cinquantaine de personnes devant plusieurs centres ce matin – et des frustrations.

Pas de rendez-vous et pas de contrainte de délai

« Mon épouse était convoquée pour sa deuxième injection, elle a été refoulée », explique Bernard, qui s’est rendu au centre de Faa’a hier. « Plus assez de doses » en milieu de matinée, « pas assez de personnel » dans l’après-midi, malgré les avis de la plateforme Covid qui l’encourageait à retenter sa chance, avec sa compagne, dans le même centre. « On lui a dit de revenir attendre à partir de 6 heures du matin, reprend-il. On lui a dit : ‘s’il y a assez de doses on vous vaccinera et sinon, vous n’avez qu’à aller à la présidence parce qu’ils ont plus de moyens, plus de médecins’. C’est inadmissible, comme discours« .

À la direction de la Santé, on est plus que conscient de ces difficultés. Et on rappelle que les dates transmises lors de la première injection ne sont pas synonymes de rendez-vous, mais seulement d’un délai « minimal » à respecter avant le rappel, les fameux 21 jours. « Si la seconde injection est faite plus tard, après 4, 5, ou 6 semaines, ça n’enlève rien à l’efficacité du vaccin », rappelle un spécialiste. Des informations qui n’ont visiblement pas été clairement transmises à tous les volontaires. Mais même si le délai peut s’allonger, la demande reste très pressante : 15 700 personnes sont déjà en attente de leur rappel et beaucoup cherchent à être pleinement vaccinés avant la réouverture des vols, annoncée par la présidence pour le 1er mai.

Des annonces politiques « déconnectées » du terrain

Qu’est ce qui freine ? Pas les doses, l’État ayant augmenté à 9 000 la dotation hebdomadaire du pays la semaine passée, et devrait monter à 15 000 d’après les engagements d’Emmanuel Macron auprès d’Édouard Fritch. La montée en cadence de la campagne bute plutôt sur la logistique – l’acheminement des doses vers les centres est complexe vu les contraintes de conservation – et surtout sur la disponibilité de personnel. Mardi, pourtant, le président a assuré mercredi que les plages horaires allaient être étendues, les équipes « renforcées », voire « doublées » dans certains centres. Des annonces qui ont agacé dans les rangs des soignants. « Il y a une volonté politique qui ne colle pas avec la réalité du terrain », commentait hier un médecin. « Le discours est en déconnexion avec les moyens mis à disposition », résume plus franchement un autre acteur de la campagne.

L’administration peine depuis plusieurs semaines à gérer les prestataires de santé qu’elle a mobilisés pour cette campagne. Certains d’entre eux accumulent des retards de paiement de plusieurs mois. Le ministère des Finances parlait récemment de problèmes « techniques » et « juridiques », plus que d’obstacle budgétaires, mais les nouveaux recrutements paraissent quoiqu’il en soit compliqués. C’est notamment la disponibilité des médecins qui pose problème. « Si on veut maintenir la qualité du service, faire des consultations pré-vaccinales, assurer le suivi de pharmacovigilance, on ne peut pas se passer de médecins », explique l’un d’entre eux. Or, comme le relatait La Dépêche ce matin, la situation est telle que certains centres – Pirae et Mahina notamment – ont dû fermer leurs portes par manque de docteurs capables d’assurer les consultations pré-vaccinales.

Au gouvernement, on indique que les problèmes d’effectifs et de paiements sont « pris au sérieux ». Édouard Fritch a déjà assuré que « l’administration allait s’adapter », sans plus de précision de calendrier. Mais aujourd’hui, ce sont bien les prestataires de santé qui sont en première ligne pour accueillir – ou éconduire – des volontaires qui oscillent souvent entre incompréhension et agacement. Un gros effort est tout de même fourni dans les centres, notamment sur les rappels. 3 000 seconde doses ont été injectées cette semaine (pour environ 2 500 premières injections) et le vaccinodrome organisé à la présidence ce weekend devrait s’adresser tout particulièrement – mais pas exclusivement, contrairement à ce qui avait été un temps annoncé – à ces porteurs de carnets de vaccination. Si les effectifs sont au rendez-vous.

 

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