DEUIL 2.0 – Alors que les données numériques personnelles se développent, leur sort et leur avenir interroge de plus en plus.
Que deviennent vos comptes Facebook, Twitter ou Instagram à votre mort ? Et vos adresses mail, vos mots de passe ou même vos photos en ligne ? Des réflexions gênantes pour beaucoup mais des questions essentielles dans une société où nous produisons de plus en plus de données numériques. S’il existe déjà quelques procédures pour organiser sa mort numérique, elles sont encore largement méconnues.
Selon la Commission nationale informatique et libertés (Cnil), un profil Facebook sur 100 appartiendrait à une personne décédée, soit 13 millions de profils dans le monde. Selon une autre étude de Entrustet, relayée par Slate, trois personnes inscrites sur le réseau social de Mark Zuckerberg meurent chaque minute dans le monde. Du jour au lendemain, qu’advient-il du compte de la personne décédée ? Que deviennent donc nos données après notre mort ? Eléments de réponse.
La possibilité de désigner un légataire sur certains sites
Toujours selon la même Cnil, « un profil sur un réseau social ou compte de messagerie est strictement personnel et soumis au secret des correspondances. A ce titre, le droit d’accès n’est pas transmissible aux héritiers. C’est la raison pour laquelle il n’est pas possible pour la famille d’avoir accès aux données du défunt ». A part si vous avez réussi à récupérer les mots de passe du vivant de la personne, vous ne pourrez pas récupérer la main sur le compte Facebook de vos parents par exemple. Mais dans les faits, il existe des entorses à cette règle. Certains géants du web ont bien compris la nécessité de gérer cette vie numérique après la mort.
Depuis 2014, Facebook prévoit ainsi la possibilité pour les héritiers de récupérer le profil de la personne décédée. « Il faut pour cela justifier que vous êtes bien l’héritier de la personne décédée et rentrer en contact avec Facebook pour demander la gestion du compte », explique Bernard Lamon, avocat spécialisé dans le droit numérique. Depuis peu, la firme américaine offre aussi la possibilité de choisir un légataire de son vivant. Vous pouvez même demander la suppression de votre compte après votre mort. Pour cela, une seule case à cocher. Reste ensuite à prévenir Facebook de votre mort…
« Il faut absolument en parler avec ses proches »
« Nos données numériques et toutes nos traces restent. C’est pourquoi la mortalité n’existe pas vraiment sur le net », analyse Vanessa Lalo, psychologue spécialiste des usages numériques. Et comme la loi n’est pas encore bien définie sur le sujet, poursuit-elle, « il faut absolument préparer la vie après sa mort numérique. Comme on pourrait évoquer avec ses proches sa position sur le don d’organes, ses volontés pour l’enterrement, on doit évoquer à ses amis, sa famille, ce que l’on veut faire de nos comptes Facebook, Twitter ou de nos messageries ».
Alerté à maintes reprises sur le sujet, le gouvernement est en train de préparer un projet de loi numérique qui devrait inclure un volet sur la « mort numérique ». Et selon les informations recueillies par Next Inpact, des directives sur l’avenir des données personnelles pourraient bientôt être prévues par la loi. Mais en l’absence de texte juridique précis, vous pouvez d’ores et déjà « prévoir une clause relative aux données numériques dans votre testament », nous confie Me Lamon.
Pages de commémoration, transmission de données via un site,…
Le gouvernement tarde à légiférer sur l’avenir des données numériques après la mort mais plusieurs start-up ont, elles, bien flairé le coup depuis plusieurs années. « Les gens sont beaucoup plus mobiles qu’avant et il n’est pas toujours facile de se rendre aux obsèques d’un proche », constate Michel Guez qui a fondé Celesteo en 2011. Il propose aux internautes de « prolonger le souvenir de la personne décédée », d’échanger des photos par exemple. Le site « La vie d’après », lui, offre la possibilité de stocker mots de passe, photos ou vidéos qui seront ensuite légués à votre mort à la personne de votre choix.
Que faire des comptes Facebook et autres en cas de décès d’un proche ?
Pour aider les personnes qui perdent un proche et qui se posent des questions de fermeture de compte, de gestion ou autre, la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) a publié une fiche pratique pour les sites les plus connus. Voici donc les liens pour :