Edouard Fritch l’avait officiellement annoncé en septembre 2016 lors du sommet de l’Océan Pacifique à Hawaii, la zone économique exclusive (ZEE) va être classée en aire marine gérée. Le classement implique la création de deux plans de gestion : un sur les espaces et espèces emblématiques, et un autre sur la pêche.
Tai nui atea, mots pour mots, la mer grande au loin, c’est le nom donné à « la plus grande aire marine gérée du monde » avec les 5 millions de km² de la ZEE polynésienne. Cette labellisation est une « concrétisation de toutes ses années où nous avons su gérer ses 5 millions de km² » explique le ministre de l’environnement, Heremoana Maamaatuaiahutapu, qui donne pour exemple les zones de réserves intégrales de Manuae et Motu One dans l’archipel de la Société, et la réserve de biosphère de Fakarava. Et si le Pays a préféré une aire gérée plutôt qu’une aire protégée c’est pour sa liberté d’actions. « Cela reprend le concept du Rahui, ce n’est pas que interdire c’est aussi gérer », indique le président, Edouard Fritch.
Le ministre de l’Environnement ajoute que des réflexions seront menées avec les populations, « On ne peut pas dire aux Polynésiens de ne pas être sur l’océan, on ne peut pas dire aux Polynésiens, tu ne peux plus aller chez toi ». Cet outil permettra de mettre en relation les besoins de développement d’exploitation des ressources avec les impératifs d’une gestion durable. Cette aire marine gérée verra donc la mise en place de différents plans de gestion. D’abord celui des espèces et espaces emblématiques qui concerne le patrimoine marin. Puis celui de la pêche avec « une exploitation raisonnée des ressources ». Il est donc question de définir des limites de zones de pêches « réservées à la pêche lagonaire, côtière et celles attribuées à la pêche hauturière », explique Edouard Fritch. Le président espère présenter ces plans l’année prochaine, lors de la session extraordinaire de l’assemblée.
Le début d’un « grand pays océanique »
L’aire marine gérée, c’est aussi un outil géopolitique. D’autres pays du Pacifique se sont munis d’une aire marine gérée comme Hawaii ou encore l’île de Pâques. « On va signer dans les années à venir avec les autres pays polynésiens des conventions de partenariat pour créer un continuum d’aires marines gérés aves les îles Cook, Pitcairn, Hawaii et même la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie et Rapa nui sont intéressés », explique Heremoana Maamaatuaiahutapu. « On pourra partager nos expériences, nos difficultés et surtout être beaucoup plus efficace sur la protection de la zone Pacifique ».