Un avion de transport militaire A400M, un des modèles les plus modernes de l’armée, a atterri ce samedi soir au fenua, où il restera déployé un mois. Très polyvalent, l’appareil pourra, si besoin, intervenir lors de missions d’évacuations sanitaires ou de livraisons de fret d’urgence, entre les îles de Polynésie, mais aussi vers l’extérieur. Il devrait surtout étendre les capacités de projections des forces armées dans le Pacifique.
Les accueils sur le tarmac redeviennent une habitude à Faa’a, en ces temps d’épidémie. Après le retour du vol cargo du Pays vers la Chine, des deux liaisons de continuité territoriale affrétées par l’État, c’était sur la partie militaire de l’aéroport que s’étaient rassemblée une poignée d’officiels ce samedi soir. Et notamment Dominique Sorain, venu accueillir en personne l’équipage du Airbus A400M Atlas qui a atterri à Tahiti aux environs de 20h30. Comme le rappelle le Haut-commissaire, l’appareil a été déployé en Polynésie dans le cadre de l’opération Résilience, annoncée en mars par Emmanuel Macron. L’idée : mobiliser l’armée pour assister les collectivités françaises face à la crise du coronavirus, par des missions de santé, de logistique et de protection.
Du matériel médical, militaire… et des billets de banque
Parti d’une base militaire d’Orléans le 23 avril, l’A400M, conçu spécifiquement pour les besoins du transports militaire et dont les premiers modèles ont été mis en service en 2013, est passé par le Canada et par Hawaii avant de rejoindre le fenua pour un mois. À bord du quadri-turbopropulseur, dont la capacité de fret est neuf fois supérieure à celle des Casa de l’armée, les plus gros appareils basée en Polynésie à l’année, 7 tonnes de marchandises, considérées comme « urgentes ». 10 respirateurs portables, 3,5 m³ de gants pour le CHPF, du matériel informatique pour les services de l’État, en plus du fret militaire… Bref, une partie de ce que les vols de continuité territoriale n’ont pas pu embarquer. Comme le précise Dominique Sorain, l’avion emportait aussi 10 m³ de « fournitures fiduciaires » commandées par l’IEOM : de l’argent en liquide pour alimenter les banques et les distributeurs de billets.
Précaution « maximales » pour éviter une réintroduction du Covid-19
Si une équipe de décontamination spécialisée dans le traitement des appareils militaires devait, à l’origine, embarquer sur le vol, l’armée a préféré prioriser le matériel médical. Le Haut-commissariat précise tout de même qu’une première équipe est déjà présente au fenua et qu’une seconde devrait arriver par un prochain vol. L’A400M est arrivé, en revanche, avec à son bord un double équipage, pour assurer sa disponibilité permanente dans le mois à venir, ainsi que du personnel technique de l’armée. Autant de militaires pour lesquels « toutes les précautions nécessaires ont été prises » pour s’assurer qu’ils ne pourraient être vecteurs du Covid-19 au fenua, a insisté Dominique Sorain.
Le contre-amiral Laurent Lebreton précise que ces équipes ont été testées avant leur départ de métropole, et après une quatorzaine « en isolement » dans leur base militaire. Ils ne sont ensuite pas descendus de l’avion lors des escales et resteront confinés, en dehors de leurs missions, pendant tout leur séjour au fenua, ajoute le commandant supérieur des forces armées de Polynésie Française.
Des missions au fenua, mais surtout dans la région
Réputé très polyvalent, cet appareil de 45 mètres de long aux airs massifs brille à la fois par sa contenance – 37 tonnes maximum en configuration classique – et par son rayon d’action. L’A400M peut parcourir 4 500 kilomètres à haute charge et plus de 8 500 km à vide. De quoi lui permettre de relier toutes les îles de Polynésie bien sûr – il a été conçu pour pouvoir atterrir sur des pistes courtes et non goudronnées – mais aussi une bonne partie de la région.
C’est là la mission principale de l’appareil, puisque les Casa ou les avions d’Air Archipels et d’Air Tahiti sont toujours mobilisables pour les évacuations sanitaires et les missions intérieures. L’A400M va « augmenter le rayon d’action » de l’armée dans le Pacifique. Des missions pourraient avoir lieu en soutien de la Nouvelle-Calédonie, ou vers la Nouvelle-Zélande pour aller chercher du matériel médical. L’armée liste actuellement les besoins des communes, du Pays et des services de l’État avant de mettre sur pied un programme de vol.
Un « effort particulier » de la France et de l’armée
Et pourquoi l’A400M Atlas, semble-t-il si adapté au pays, ne resterait-il pas en Polynésie ? Parce qu’il sert énormément ailleurs, répond, en substance, le contre-amiral Lebreton. Attendu depuis longtemps par l’armée française, qui n’aurait pour l’instant reçu qu’une quinzaine de ces appareils sur les 50 commandés, l’A400M est « énormément sollicité » et sur « tous les fronts d’opération », notamment en Afrique, insiste le commandant des FAPF.
Si les forces armées de Polynésie ont « obtenu » qu’il soit déployé un mois, c’est parce qu’il permet de « désenclaver » les collectivités françaises du Pacifique, touchées, plus qu’ailleurs, par la suspension du trafic aérien. « C’est un effort particulier qu’a fait la France pour nous donner de l’oxygène », relève l’officier, qui rappelle qu’après les conséquences dramatiques du cyclone Irma aux Antilles, l’A400M n’avait été libéré que 10 jours.