Nicole Bouteau a interpellé ce matin le gouvernement sur sa stratégie en matière de troisième âge. Quelques semaines après la publication d’un rapport très critique de la chambre territoriale des comptes, la ministre des Solidarités Virginie Bruant a assuré que le Pays avait lancé les grands chantiers pour renouveler sa politique sociale et en particulier son accompagnement des matahiapo.
Si le mois d’octobre est synonyme de campagne de prévention et de sensibilisation contre le cancer du sein, il est aussi dédié aux personnes âgées. C’est ce qu’a rappelé Nicole Bouteau ce matin, à l’occasion des questions orales de l’assemblée. Pour sa première intervention en tant que non-inscrite depuis son départ du Tapura, courant septembre, l’ancienne ministre du Tourisme et du Travail a donc voulu interpeller sur la condition des matahiapo. Saluant certaines initiatives prises par le gouvernement, elle souligne « que le chemin reste encore long pour atteindre l’objectif du mieux-vivre de nos matahiapo notamment ceux en situation de dépendance ou de perte d’autonomie ».
« L’absence de choix politiques clairs »
La représentante s’appuie notamment sur le dernier rapport d’observation de la Chambre territoriale des comptes traitant de la politique sociale du Pays, et qui épingle, entre autres, « l’absence de choix politiques clairs » qui empêche l’émergence d’une filière gérontologique. Les chiffres 2019 de l’Institut de la statistique font pourtant état d’un vieillissement de la population qui va s’intensifier dans les années à venir. Nicole Bouteau interpelle donc le gouvernement sur sa stratégie en matière de prise en charge des personnes âgées, et sur les moyens qui seront consacrés à ce domaine dans le prochain budget du Pays.
Des questions qui ont trouvé réponse auprès de la ministre du Travail, des Solidarités et de la Formation en charge de la condition féminine, de la famille et des personnes non-autonomes, Virginie Bruant. « Il y a aura dans le projet de budget 2023 qui sera présenté prochainement à l’assemblée, une expression budgétaire des choix politiques du gouvernement en matière de troisième âge » assure-t-elle. D’après la ministre, cette stratégie est déjà entamée. Le futur schéma d’organisation sanitaire 2022 – 2027 prévoit par exemple que les établissements hospitaliers du fenua développent un secteur gériatrie. « D’autres initiatives en partenariat avec le ministère de la santé favoriseront les actions véhiculant plus largement une culture de la gériatrie et de la gérontologie en direction des secteurs concernés comme du grand public » ajoute Virginie Bruant.
« Un impératif catégorique »
Le Pays a en outre lancé un appel d’offre pour la réalisation d’un schéma directeur de l’action sociale en Polynésie française 2023/2028, « en y intégrant les conditions nouvelles que l’expérience de la Covid nous a enseigné surtout en matière de prise en charge des personnes âgées ». La ministre fait allusion également à l’aide aux structures et à la personne qui font partie des points directeurs de la cette nouvelle stratégie. Un texte est en préparation pour définir le cadre et la reconnaissance des établissements médico-sociaux spécialisés dont font partie les EHPAD. Et pour lutter contre l’isolement des matahiapo, le pays avait aussi annoncé, rappelle-t-elle, le lancement de la plateforme Atamai, qui doit faciliter l’accès des seniors aux activités collectives, et qui devrait sortir d’ici la fin de l’année. « Notre engagement auprès des personnes âgées, qui effectivement vont représenter un polynésien sur cinq dans moins d’une décennie, est un engagement prioritaire, et un impératif catégorique de la solidarité en Polynésie française, conclue Virginie Bruant. Notre approche sera la même que pour le développement de l’emploi : l’exigence des résultats et de la transparence dans le choix des solutions ».