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L’aéroclub Jacques-Brel reprend de l’altitude

Mis en sommeil en 2017, l’aéroclub d’Hiva Oa s’est reveillé en début d’année, après l’acquisition d’un nouvel avion. La structure a déjà repris les formations, sa mission principale, dans le but de créer plus de lien entre les îles. D’autres projets sont étudiés, comme l’achat d’un second appareil et l’ouverture d’une piste à Fatu Hiva.

De 2017 à fin 2023, il ne s’y était « plus passé grand chose ». L’aéroclub Jacques-Brel a longtemps sommeillé à Atuona, « quelques appels à l’international pour essayer de voler » n’ayant pas réussi à le réveiller, faute d’avion exploitable. Mais depuis le début de l’année, tout a changé, avec l’arrivée depuis Tahiti d’un nouvel appareil, un Cesna 172, acquis par une société de carénage basée à Hiva Oa, dont le gérant n’est autre que l’ancien président de l’aéroclub, Vincent Roche. Ce mécanicien de formation, arrivé aux Marquises il y a 20 ans, souhaitait relancer l’activité de l’association, aux côtés de quelques figures locales, comme Roberto Maraetaata ou Kaya Guillain, et avec les conseils avisés de l’aéroclub UTA de Tahiti-Faa’a.

Le nouvel avion, convoyé par Vincent Roche et Gérard David, a fait office de réveil, puisque depuis janvier, 35 membres ont adhéré, dont beaucoup de nouvelles têtes. « Il y a toujours les anciens qui nous soutiennent, mais ce sont surtout des passionnés de la période Jacques Brel.  Et puis il y en a d’autres qui ont vraiment envie de voler, de passer leur licence de pilote privé », présente celui qui a repris sa casquette de président. Depuis l’obtention de la déclaration d’organisme de formation (DTO), il y a quelques semaines, « nous avons déjà cinq élèves, dont deux mineurs. Et pour le moment, ça tourne presque tous les jours avec les rotations de formation et un peu de cours théoriques ».
Le bureau travaille aussi sur le terrain administratif, avec les différentes directions de l’aviation civile, pour des questions de mise à jour de règlementations d’accès à certaines îles. « On  aussi quelques petits travaux d’aménagement à prévoir pour les salles de cours, notamment pour ouvrir un brevet d’initiation aéronautique pour les jeunes marquisiens« , souligne Vincent Roche.

Favoriser les mobilités des professionnels 

« Développer l’aviation générale sur toutes les Marquises », voilà le but premier de l’aéroclub Jacques-Brel. Objectif qui passe par la formation. Depuis quatre mois, l’instructeur Philippe Gervais a posé ses valises à Hiva Oa. « Il devrait être présent huit mois sur douze, sachant qu’un deuxième instructeur devrait arriver début mai ». Des rotations seront mises en place pour assurer les formations, en attendant l’arrivée d’un instructeur permanent dans les années à venir.

Pour Vincent Roche, l’aviation générale est une bonne solution pour créer du lien entre les îles, notamment en permettant à certains professionnels spécialisés de se déplacer plus rapidement. « Dans tous les secteurs, certains sont obligés de faire des sauts de puce, puisque certaines îles ne sont pas suffisamment peuplées pour accueillir un vétérinaire, des médecins, des frigoristes ou des géomètres par exemple ». Pour ces professionnels recherchés, « le transport public ne répond pas toujours à leurs demandes et à leurs déplacements », poursuit le président de l’aéroclub. « L’intérêt serait donc de les former à l’aviation générale, pour qu’ils puissent couvrir l’ensemble de l’archipel avec leurs compétences ». Au-delà du monde du travail, « le second objectif est de permettre aux familles qui sont éclatées sur l’archipel de se voir plus rapidement ». Une population qui, selon Vincent se montre « contente », « étonnée » et « fascinée » de voir l’aéroclub sortir de sa léthargie.

Bientôt une piste à Fatu Hiva ?

D’autant que le potentiel est présent sur la terre des hommes, avec trois aérodromes exploitables pour le Cesna 172, sans compter le cas plus particulier de l’altiport de Ua Pou « que l’on pourra exploiter avec un avion plus puissant », que le club envisage d’acquérir « dans un avenir un peu plus lointain », si l’activité se porte bien. L’autre gros projet, et non des moindres, est l’ouverture d’une piste à Fatu Hiva, ce qui serait une première. « Nous avons déjà relevé 650 m de piste exploitable avec un géomètre, ce serait en herbe ou en gravier et ensuite on verra ce que l’avenir donnera. Mais on a ce projet de rayonner jusque là bas », annonce le pilote.

Une idée qui prendra du temps, et qui nécessitera différentes autorisations. « A notre connaissance, la mairie y est favorable, mais il faudra ensuite monter des dossiers auprès des différents services de l’aviation civile… » Et si tout se passe bien, entamer des travaux dans cette zone isolée au sud de l’île, qui, selon Vincent, ne devraient pas trop impacter l’environnement, l’espace retenu étant recouvert de cailloux. « Il y a possibilité de débarquer des engins sur une plage en contrebas, mais ensuite se posera la question de la réalisation d’une route. C’est un autre sujet qu’on abordera avec la population », détaille celui qui y voit « un projet qui démarre à petit échelle », mais qui pourrait devenir plus important dans les années à venir. « En fonction de ce que nous arrivons à faire, on pourra éventuellement faire une demande pour qu’il puisse être exploité en version publique. C’est une option qui peut être un avantage pour la population ». Pas de doute, l’aéroclub Jacques-Brel s’est bien réveillé. Et il n’a pas cessé de rêver.

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