L’affaire des enveloppes d’ice envoyées par courrier via les USA, qui était passée le 13 janvier en comparution immédiate et renvoyée à ce lundi, a finalement été de nouveau renvoyée. Les avocats réclament l’ouverture d’une information judiciaire.
Pour rappel, le 13 janvier sept hommes passaient en comparution immédiate pour trafic d’ice via voie postale. Les trafiquants et leurs complices, dont deux travaillaient à l’OPT, ont envoyé, entre mai 2019 et janvier 2020, de petites quantités d’ice des USA, de 10 à 20 grammes dans des enveloppes. Les enveloppes étaient envoyées à de fausses adresses et deux complices qui travaillaient à l’OPT étaient chargés de les récupérer et de les remettre aux commanditaires qui mettaient la drogue sur le marché. Au total, ce sont 667 grammes d’ice qui ont été interceptés par les services des douanes mis au courant de ce trafic par lettre anonyme.
« Un dossier qui n’a pas sa place en comparution immédiate »
Alors que les protagonistes de ce trafic devaient être jugés ce lundi, les avocats de la défense ont demandé un renvoi de l’affaire invoquant un manque de temps pour étudier le dossier qui, ont-ils fait remarquer, « fait plus de 1 500 pages », mais aussi pour demander l’ouverture d’une information judiciaire, arguant que certains des prévenus risquaient 20 ans de prison.
Ainsi, Me Varrod estime que ce dossier n’a rien à faire en comparution immédiate, par son ampleur et ses enjeux. Pour lui, « un dossier qui passe en comparution immédiate, c’est un dossier qui doit être en état d’être jugé. » Et de marteler, « ce n’est pas le cas de celui-ci. » Évoquant son client qui risque 20 ans de réclusion et 62 millions d’amende, il réclame qu’un juge d’instruction soit saisi pour suivre l’enquête.
Pour Me Bennouar, qui abonde dans le sens de son collègue, « en 10 ans de comparution immédiate, c’est la première fois que je vois un dossier de 1 500 pages. Et en plus, il est complexe » ajoutant, « il y a des difficultés telles, qu’il faut une information judiciaire complémentaire. » D’autres avocats présents ce sont opposés à ce renvoi réclamant une disjonction du dossier car ils estimaient que le rôle de leur client avait été bien établi et qu’il n’était pas nécessaire d’ouvrir une information judiciaire.
« L’instruction n’a pas de plus-value à apporter à l’enquête. »
De son côté la procureure de la République a estimé que les charges étaient suffisantes pour réunir le tribunal et juger l’affaire sans qu’il y ait besoin de mettre en place des investigations supplémentaires. Pour elle, « l’instruction n’a pas de plus-value à apporter à l’enquête. » Précisant toutefois que si le renvoi était demandé pour permettre à la défense de bien étudier le dossier, « je ne m’opposerais pas au renvoi. » Quant aux disjonctions demandées, « Ce serait dommage d’y procéder, ce serait amputer l’affaire et porter préjudice à certains prévenus. »
Après en avoir délibéré, le tribunal a renvoyé l’affaire au parquet pour des investigations supplémentaires tant sur le fond que sur les personnalités des prévenus. Quant à la disjonction, il n’y en aura pas.