L’Agence française de développement (AFD) a signé ce jeudi avec le vice-président Teva Rohfritsch trois nouvelles conventions de crédit au titre du financement des investissements pour 2019, portant les emprunts du Pays pour l’année en cours à 7,841 milliards de Fcfp. Une convention pluriannuelle entre la Polynésie et l’AFD est à l’étude. Entretien avec Bertrand Willocquet, directeur du département « Trois Océans » de l’Agence française de développement.
Deux dirigeants de l’Agence française de développement étaient à Tahiti pour la signature de plusieurs emprunts : Bertrand Willocquet, directeur du département « Trois Océans », et Philippe Renault directeur pour la région Pacifique, mais aussi pour rencontrer plusieurs acteurs économiques du territoire, comme le Medef et la CPME, la CCISM et les acteurs bancaires, ainsi que le gouvernement et le haut-commissaire.
Les trois emprunts signés ce jeudi représentent un montant de 3,341 milliards de Fcfp (28 millions d’euros).
Ces emprunts sont contractés à des taux d’intérêt allant de 0% à 1,31% en fonction du type d’opération financée. Ainsi, les projets d’investissements dans les secteurs de la transition énergétique, de la biodiversité, de l’adaptation au changement climatique et aux catastrophes naturelles peuvent bénéficier de financement à taux zéro, « sur des maturités très longues, 15, 20 voire 25 ans, » précise Bertrand Willocquet, directeur de l’AFD pour les outre-mer. Les projets bénéficiant aux secteurs de la santé, et de l’éducation sont, quant à eux, financés au taux de 0,48%.
« Sur les collectivités locales, c’est certain, nous sommes l’opérateur financier historique, de loin. Même dans le reste de l’outre-mer. Au niveau global, on représente les deux tiers des financements en faveur du secteur public local, hors logement social. Et dans les collectivités du Pacifique, c’est encore plus que ça, quasiment entre 75 et 90% » dit Bertrand Willocquet, qui résume l’activité de l’AFD en Polynésie :
L’AFD et la Polynésie envisagent, en outre, une nouvelle convention portant sur plusieurs années « pour assistance technique dans des secteurs prioritaires ». C’est ce type d’intervention qui fait de l’AFD plus qu’un simple bailleur de fonds.
Cette convention porterait sur des secteurs « sociaux », tels que le logement, l’éducation et la santé, mais aussi « productifs », comme le numérique, le tourisme, les ports et les aéroports, énumère Bertrand Willocquet, sans oublier l’énergie et l’eau, « là, il y a probablement un retard à combler, » dit-il.
La Polynésie bénéficie aujourd’hui non seulement de taux directeurs historiquement bas, mais aussi, souligne le communiqué du gouvernement, de « la confiance des organismes prêteurs qui ont fait des propositions très intéressantes au Pays, allant même au-delà de ses besoins. » Pour Bertrand Willocquet, « il est certain que les finances de la collectivité se sont redressées depuis quelques années, ce qui n’est pas le cas partout. En Polynésie le redressement est patent, et c’est vrai que des finances publiques saines permettent d’investir davantage et donc de relancer par la commande publique la machine économique.» Les trois quarts des communes polynésiennes ont également contracté des emprunts auprès de l’AFD. « C’est vrai que ce sont des petites communes, elles ont de faibles moyens techniques et humains, c’est là où nous avons toute notre place, » conclut Bertrand Willocquet.