Une fois n’est pas coutume, la chambre territoriale des comptes publie un rapport plutôt élogieux sur l’activité de l’Agence immobilière sociale de Polynésie française, Rahu Ora, qui permet aujourd’hui à plus de 300 personnes de bénéficier d’un logement à loyer réduit.
« C’est avant tout aux 5 agents permanents et au travail qu’ils réalisent que je pense », disait ce matin le président du conseil d’administration de l’AISPF, Jerry Biret, après la publication du rapport de la CTC.
Organisée sur le modèle associatif, l’Agence immobilière sociale de Polynésie française (AISPF) identifie et loue des logements dans le parc privé et les met à disposition durant deux ans, en échange d’une contribution financière modeste – 1/3 du loyer pour les familles, 15 000 Fcfp par mois pour les étudiants et 20 000 Fcfp pour les jeunes travailleurs. À l’issue des deux ans du dispositif, 52% des familles intègrent le parc privé classique, 22% bénéficient d’une attribution de logement social, et 26% ont dû retourner vivre en famille élargie.
Créée en 2008, l’AISPF a réellement progressé entre 2016 et 2021, passant de 141 à 248 logements et de 164 à 305 bénéficiaires.
L’association fonctionne grâce à l’attribution conséquente d’une subvention du Pays – 300 millions de Fcfp – qu’elle ne parvient pas toujours à consommer intégralement. Car les critères d’éligibilité sont stricts, et seuls 45% des dossiers présentés reçoivent un avis favorable : il faut avoir un projet de vie solide et un minimum de solvabilité. Jerry Biret insiste sur le travail d’accompagnement réalisé tant avec les bailleurs privés, avec qui une relation de confiance s’est établie, qu’avec les bénéficiaires qui comprennent l’importance de payer leur loyer. Le rapport de la CTC va permettre, espère-t-il, de trouver d’autres bailleurs de biens à loyer modérés, « une denrée de plus en plus rare sur la zone urbaine ».
Une gestion exemplaire
La chambre territoriale des comptes salue la bonne gestion de l’AISPF, dont les frais de structure et de personnel sont maîtrisés, et qui consacre ainsi 84% de ses fonds aux logements des bénéficiaires. En revanche, elle pèche peut-être par excès de prudence, dit la CTC, puisqu’elle dispose de 344 millions de Fcfp en fonds propres – de quoi faire face, dit l’AISPF, à l’hypothèse d’une cessation du dispositif et la nécessité d’honorer les loyers qu’elle garantit. La CTC recommande donc soit de réduire sa subvention, soit de réorienter ses excédents vers une nouvelle structure qui devrait voir le jour l’an prochain, l’Agence immobilière très sociale de Polynésie française. Autres recommandations : inclure dans sa gouvernance d’autres acteurs locaux comme l’OPH ou des associations sociales, et rendre plus lisibles ses critères d’attribution pour les services sociaux qui s’adressent à elle. Enfin, la chambre territoriale des comptes recommande également d’actualiser au plus vite les plafonds des loyers par type de logement.