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L’alimentation, « une porte d’entrée pour traiter tous les maux de la société »

Spécialistes de l’environnement, experts de l’agriculture, des ressources marines, mais aussi professionnels de santé échangent jusqu’à vendredi sur la durabilité des systèmes alimentaires du Pacifique. Une occasion inédite de mettre en liens les idées de spécialistes de secteurs différents. Objectif : poser les bases d’un travail en réseau plutôt qu’en silo pour être plus efficace.

Travailler ensemble pour plus d’efficacité. C’est l’objectif recherché par le Projet régional océanien des territoires pour la gestion durable des écosystèmes (PROTEGE), qui organise cette semaine un séminaire régional sur la durabilité des systèmes alimentaires du Pacifique. Pour l’occasion, une centaine de participants ont fait le déplacement. Des politiques, des scientifiques, des acteurs publics et privés, mais aussi des personnes de la société civile venant de tout le Pacifique : la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Fidji, Kiribati ou encore Samoa sont représentés. Une démarche s’inscrivant dans une approche océanienne des questions d’alimentation qui sont aujourd’hui « à la croisée des chemins », puisqu’elles ont des effets sur la santé et l’environnement, mais aussi sur le malaise social en renchérissant le coût de la vie. « Quand on voit que tous ces trois points se percutent, on sait que le sujet de l’alimentation, c’est vraiment une porte d’entrée pour vraiment traiter tous les maux de la société aujourd’hui et ceux qui nous arrivent dans les années à venir », assure Clément Gandet, coordonnateur régional sur l’agriculture et la foresterie.

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Amorcer le dialogue entre pairs de la région Pacifique

Ainsi ce séminaire poursuit un double objectif : permettre aux Pays et aux territoires français du Pacifique de faire un retour d’expérience sur les projets portés en 4 ans dans le cadre de PROTEGE, mais aussi amorcer le dialogue entre pairs issus de toute la région Pacifique. À terme, l’organisme vise la création d’un « réseau régional d’innovateurs en matière de systèmes alimentaires » qui mettrait en avant une stratégie commune. « Le problème que l’on a aujourd’hui, c’est que chacun travaille chez soi, en silo, regrette encore Clément Gandet . Les gens de la santé s’occupent de la santé, ceux de l’agriculture des questions d’agriculteurs, ceux de la pêche des réserves et des ressources marines … alors que l’on voit que tout est lié. »

Un retard sur la filière ressources marines

Depuis 2019, des rencontres sur des thématiques précises telles que l’aquaculture ou les cocotiers ont déjà eu lieu et PROTEGE a soutenu « au moins une dizaine de projets au fenua ». Des projets essentiellement en lien avec l’agriculture selon l’organisme qui note « un retard » sur les ressources marines. « La filière est moins structurée que celle agricole. Tout le monde est pêcheur, tout le monde pêche… Maintenant, il faut se dire qu’il faut réfléchir à la manière d’épargner nos ressources d’une surexploitation et rendre les ressources durables », explique Matthieu Juncker, coordonnateur régional aquaculture et pêche de l’organisme. Pour rappel, PROTEGE est un programme financé par l’Union européenne et ayant pour vocation d’améliorer les économies des territoire en les rendant plus durables.

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Une conférence gratuite jeudi 4 octobre

À noter que le thème de cette conférence sera aussi celui d’une conférence publique « Savoirs pour tous », intitulée Les enjeux de durabilité des système alimentaires dans le Pacifique, dans l’amphithéâtre A3 de l’Université de la Polynésie française, le jeudi 4 octobre de 17h30 à 19 heures. Les conférenciers : Florence Tartanac, ingénieure agro-alimentaire et docteur en géographie, fonctionnaire de haut rang à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) depuis 2001, Séverine Bouard, chercheuse à l’Institut Agronomique néo-Calédonien (IAC), Nicolas Gouletquer du Commonwealth Scientific and lndustrial Research Organisation (CSIRO), agence fédérale de recherche du gouvernement australien, et Philippe Couraud, docteur-ingénieur en agro-économie et directeur du Service de l’agriculture.