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Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch se clashent sur Facebook

©T.Rohfritsch/FB

Les deux sénateurs ont réglé leurs comptes sur Facebook ce vendredi matin, après l’interruption du processus de ratification par le Parlement du toilettage de la fonction publique communale.

« Petit godillot de service », « tu veux la guerre tu l’auras » d’un côté ; « Bêtise, vanité, jalousie et ambition maladive », « les masques vont tomber je le sens » de l’autre : les deux sénateurs polynésiens, qui siègent dans deux groupes différents à Paris, n’arrivent plus à faire semblant de se supporter.  Et s’invectivent sur Facebook, chacun accusant l’autre de tirer la couverture à lui, à la limite de la diffamation. Ceux que la fonction publique communale ne passionne pas peuvent directement sauter les quatre prochains paragraphes… car on sent bien que le sujet n’est qu’un prétexte.

Pour mieux comprendre, un peu d’histoire

Depuis plus de trois ans, une ordonnance de l’État pour toiletter les textes de la fonction publique des communes datant de 2005 est en projet. Saisi en 2020, le Conseil supérieur de la fonction publique communale avait proposé plusieurs modifications.

En juillet dernier, l’assemblée de la Polynésie française reçoit pour avis, des services du Premier ministre, le nouveau projet « d’ordonnance étendant et adaptant à la fonction publique des communes de Polynésie certaines dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale », qui rejette 28 des 36 propositions formulées par le Conseil supérieur de la fonction publique communale. L’avis de l’assemblée déplore que les spécificités locales ne soient pas prises en compte : « Par conséquent, les objectifs ne sont que partiellement atteints, nonobstant les délais mis à l’élaboration de ce projet d’ordonnance depuis 2018. Il est donc nécessaire de reprendre la collaboration entre les instances locales communales et celles de l’État sur ce chantier. »

L’ordonnance est publiée au JORF le 10 décembre 2021. Les ordonnances entrent en vigueur dès leur publication, mais un projet de loi de ratification doit être déposé devant le Parlement, dans un délai de 18 mois. C’est le cas : il est inscrit à l’ordre du jour du Sénat pour le 8 février, en procédure accélérée, et Lana Tetuanui, Maina Sage qui s’apprêtait à défendre les demandes polynésiennes à l’Assemblée nationale, et plusieurs techniciens du Syndicat pour la promotion des communes et du Centre de gestion et de formation, travaillent fin janvier à Paris pour préparer une trentaine d’amendements.

Un débat parlementaire repoussé à après les élections législatives

Mais en début de semaine, le gouvernement central retire son projet de la séance plénière à venir au Sénat, première étape du parcours législatif. Le ministère des Outre-mer et l’Assemblée nationale annoncent que le texte ne pourra pas être examiné avant la trêve parlementaire pour cause d’élections législatives. Mercredi au Sénat, Lana Tetuanui profite de la séance des questions d’actualités générales pour manifester son mécontentement : « Reconnaissez que sur la forme, ce n’est pas acceptable : saisine de l’assemblée de la Polynésie en urgence, procédure accélérée au Parlement, et retrait brutal. »

Le sénateur Teva Rohfritsch s’estimait toutefois satisfait sur Facebook : « Le ministre des Outre-mer a proposé au président Édouard Fritch de discuter plus avant des décrets d’application de l’ordonnance et traiter les points restés en suspens. Je trouve ça très bien !! Le président est la première institution de Polynésie française. » Et de lister les avancées déjà actées dans le texte, avant de conclure « Comptez sur moi pour veiller aux intérêts (…) de nos fonctionnaires communaux et des élus municipaux. »

Et là, c’est le drame…

Mais la sénatrice ne décolère pas. Sur sa page Facebook elle publie notamment ceci :

 

Teva Rohfritsch, lui, accuse sa collègue à la « bouche bien ouverte et trop bruyante » de transformer les communes en « supermarché pour un clan » et laisse entendre qu’elle serait coupable de « gourmandise ».

Le manque de sang-froid de deux figures politiques, supposément du même camp et travaillant aux mêmes objectifs, est sans doute un regrettable spectacle. Mais indéniablement divertissant.