ACTUS LOCALESPOLITIQUE Lao Tseu et De Gaulle s’invitent au Haussariat pour les 60 ans des relations France – Chine Charlie Réné 2024-01-28 28 Jan 2024 Charlie Réné La France avait été, le 27 janvier 1964, la première puissance occidentale à établir de pleines relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Une date célébrée vendredi soir lors d’une réception conjointe du Haut-commissariat et du consulat de Chine à Papeete, en présence de quelque 300 invités. Éric Spitz, dans son discours, a insisté sur le « respect mutuel » entretenu entre les deux pays et laissé de côté, le temps d’une soirée, les frictions de la ligne Paris – Papeete – Pékin. « Il y a 60 ans, le 27 janvier 1964, le Premier ministre Zhou Enlai et le général de Gaulle prenaient la décision historique de rétablir les relations officielles entre la France et la République populaire de Chine, quinze ans après sa proclamation par le président Mao Zedong ». Ce rappel, c’est Éric Spitz qui l’a fait vendredi soir dans les jardins du Haut-commissariat. À la veille de la date anniversaire, le représentant de l’État et le Consul de la République populaire de Chine, Lixiao Tian, organisaient une réception conjointe, où près de 300 personnes, élus, représentants du monde économique, associatif ou consulaire, avaient été conviés. L’occasion, donc, de rappeler que la France avait fait partie des premières nations occidentales à « reconnaitre » et établir des relations diplomatiques avec la Chine communiste. Tsunami politique Les pays scandinaves, la Suisse et les Pays-bas, l’avait certes précédé de quelques années, et le Royaume-Uni, alors toujours installé à Hong Kong et Macao, avait bien commencé à échanger avec les nouveaux maîtres de Pékin dès les années 50. Mais cet acte de reconnaissance pleine et entière par une grande puissance du bloc de l’Ouest, avait été décrit par certains commentateurs de l’époque, comme un « tsunami diplomatique » qui a « secoué les chancelleries ». Et qui n’avait pas manqué, en pleine guerre froide, de déclencher l’ire de Washington, qui ne reconnaissait alors que la République de Chine en exil à Taïwan et qui attendra 1979 – et plusieurs parties de ping-pong – pour installer à son tour une ambassade à Pékin. Acte diplomatique audacieux, « cette reconnaissance c’était une évidence, a repris rappelé Éric Spitz en reprenant les explications données par le président Charles de Gaulle quelques jours après l’annonce de cette décision. L’évidence d’une relation séculaire, l’évidence d’un souci conjoint d’appréhender le monde dans sa complexité, l’évidence d’un avenir partagé devant des enjeux aujourd’hui communs ». Une précision du Général, apportée lors du même discours en 1964, a été diplomatiquement oubliée devant Lixiao Tian vendredi : « Il n’y a évidemment rien (dans la reconnaissance officielle de la France, ndr) qui implique aucune sorte d’approbation à l’égard du régime qui domine actuellement la Chine ». Le Haut-commissaire a préféré revenir sur le long historique des relations franco-chinoise – de la première ambassade de Chine auprès du Pape Benoît XII, au XIVe siècle à Avignon, aux partenariats patrimoniaux autour de l’armée de terre cuite de Xi’an ou de la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Avant de préciser que les « défis du monde d’aujourd’hui exigent plus que jamais une coopération internationale », en matière notamment de climat, de régulation financière et de préservation de la « stabilité » mondiale. Une année de célébration de Paris à Pékin Cette réception tahitienne n’était pas une initiative isolée puisque une série d’évènements nationaux et internationaux ont été programmés à l’occasion de ce soixantenaire. Côté Pékin, un bonne partie de l’appareil politique était réuni jeudi soir au nouveau Centre national des arts du spectacle, un « œuf » conçu par un architecte français. Surprise de la soirée : le président Xi Jinping lui-même a loué, dans un message préenregistré, l’amitié avec la France, nation « indépendante, compréhensive et avant-gardiste ». Le président français Emmanuel Macron avait lui aussi préparé un message et devrait en outre être présent, le 31 janvier, à l’Opéra royal du Château de Versailles, en compagnie de ministres des deux pays pour une représentation qui lancera « l’Année franco-chinoise du tourisme culturel ». Ce sont aussi les arts qu’avaient choisi de mettre en avant les autorités françaises et chinoises à Papeete, avec un concours de chant choral. Intitulé « Chanter en chœur, amitié de cœur », il a rassemblé huit établissements scolaires polynésiens. Le collège de Taaone s’est vu remettre le premier prix avec son interprétation de Pi’i a Hura, devant l’école Vahitutautua de Takaroa, qui a interprété, en mandarin, 夜空中最亮的星 – L’étoile la plus brillante du ciel en français – et le collège Carlson, qui avait choisi le plus classique Vois sur ton chemin. La cérémonie a donc logiquement laissé de côté les frictions, nombreuses, qui animent les relations entre Paris, Papeete et Pékin. Régulation de la pêche, lutte d’influence dans le Pacifique, tensions sécuritaires dans la région… Plutôt que De Gaulle, Éric Spitz a cette fois cité Deng Xiaoping et Lao Tseu, sur ces dossiers au long cours : « Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas ». « Il y a 60 ans la Chine et la France ont fait le premier pas et ont démarré ensemble un voyage de mille lieux, a conclu le Haut-commissaire. Aujourd’hui, réaffirmons notre volonté de continuer à avancer ensemble, avec détermination et respect mutuel, pour construire un avenir de coopération et de prospérité entre la France, la Chine et la Polynésie française ». Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)