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L’APC autorise le rachat de Bolloré Logistics par CMA CGM « sous conditions »

 La présidente de l’APC Johanne Peyre ©CP/Radio1

Pour la première fois de son histoire l’Autorité polynésienne de la concurrence conditionne son autorisation d’une opération de concentration – le rachat par CMA CGM de Bolloré Logistics au plan mondial – à une revente d’actifs en Polynésie pour éviter une trop grande concentration verticale qui pourrait nuire aux transitaires existants et, in fine, au consommateur.

Le groupe Bolloré a signé en 2023, pour la coquette somme de 4,65 milliards d’Euros (près de 555 milliards de Fcfp), la cession de sa filiale Bolloré Logistics, présente dans le monde entier, à CMA CGM. Une façon de placer le trésor de guerre amassé par le n° 3 mondial du transport maritime durant, et après, la crise sanitaire mondiale.

Dix-huit autorités de la concurrence autour du monde doivent donner leur avis sur cette vente, dont l’Autorité polynésienne de la concurrence qui rend aujourd’hui sa copie. Et c’est une autorisation de concentration « sous conditions » d’engagements structurels, une mesure plus contraignante que les engagements comportementaux demandés par  exemple par l’Autorité de la concurrence de Nouvelle-Calédonie.

N°1 des transporteurs + n°1 des transitaires = danger

« On est partis du constat que CMA CGM occupe une position quasi monopolistique sur la route maritime Europe – Polynésie, explique Maxime Hebting, rapporteur, et que 40% des biens de consommation, notamment des biens de première nécessité, viennent d’Europe. » D’autre part, Bolloré Logistics étant le numéro un au fenua de l’organisation du transport de marchandises, « on s’est rendu compte qu’il y avait de réels risques de verrouillage du marché aval. »

Au cours de l’instruction du dossier – pas moins 25 réunions avec un pool de 15 avocats parisiens – CMA CGM a donc proposé de prendre des engagements structurels, pour éviter un éventuel refus : la cession, dans un délai relativement court, de l’activité maritime de Bolloré Logistics.

Dans le délai avant la revente CMA CGM devra aussi respecter des engagements comportementaux, notamment de maintenir cette partie de Bolloré Logistics comme « une entité distincte et cessible ». Le tout sur fond de « clause de non-concurrence, pour préserver la situation concurrentielle sur le marché des transitaires, éviter que CMA CGM ne rentre à nouveau sur le marché après la cession, et surtout éviter à terme une augmentation du coût du transport qui serait répercutée sur le prix au consommateur », résume la présidente de l’APC Johanne Peyre.  Il est d’ailleurs possible que cette revente passe à nouveau sous le radar de l’Autorité, si le chiffre d’affaires du futur repreneur est supérieur au seuil de notification.

En conclusion la présidente de l’Autorité se félicite de la coopération avec l’Autorité de la concurrence de Nouvelle-Calédonie et avec la Commission européenne qui doit rendre son avis sur les départements d’Outre-mer, et estime que la décision rendue aujourd’hui est « proportionnée ».

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