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L’arnaque aux fausses cartes bancaires pilotée depuis la prison

Une arnaque aux cartes bancaires frauduleuses impliquant 8 personnes était jugée jeudi, avec en tête d’affiche l’escroc du St Regis de Bora Bora qui avait « coaché » la famille Tchen, déjà bien connue de la justice. Ceux qui étaient déjà en détention vont y rester plus longtemps, ceux qui en étaient sortis y retournent.

En novembre dernier, huit personnes avaient été interpellées dans le cadre d’une enquête sur une escroquerie en bande organisée, réalisée avec des cartes bancaires frauduleuses. Certains des biens mal acquis avaient été retrouvés et restitués aux commerçants, dont le préjudice était estimé à une dizaine de millions de Francs.  Ordinateurs, tablettes, smartphones et alcool constituaient l’essentiel du butin, mais aussi une moto ou encore de l’électroménager.

À chaque fois, le même fonctionnement : l’acheteur appelait le commerçant et procédait à une transaction par carte bancaire prépayée achetée sur le dark net puis, prétextant être confiné, il envoyait un « coursier » récupérer la marchandise rapidement, avant que les banques n’aient le temps de signaler aux commerçants que la carte bancaire utilisée était frauduleuse.

Rencontre en prison

Mais la particularité de cette affaire, c’est surtout la rencontre en prison de malfaiteurs connus pour d’autres faits. D’abord celui qui semble être le « cerveau » de l’affaire, Jérémie Gnangoin : condamné en novembre 2020 pour avoir voulu escroquer une agence de voyage et un hôtel de luxe à Bora Bora, il purge trois ans de prison à Tahiti. Mais le récidiviste – 11 condamnations à son actif en métropole – croit en sa méthode, et va l’expliquer à son codétenu Murphy Tchen, qui va impliquer toute sa famille dans l’arnaque : ils étaient chargés de récupérer la marchandise

Les trois frères Tchen sont eux aussi bien connus de la justice pour violences avec armes à feu, trafic d’ice, vols de voitures et racket. Ils étaient parvenus à faire réduire leurs peines de prison en appel, en mars dernier :  seul Murphy restait incarcéré, mais pas inactif. C’est l’achat de cartes SIM téléphone et internet auprès de sa petite amie, responsable de boutique Vodafone, qui avait mené les enquêteurs jusqu’à lui et ses complices, dont deux autres jeunes membres de la famille Tchen, ainsi que Jacob Tutavae, condamné dans l’affaire d’ice Sarah Nui et que Murphy avait « protégé » en prison.

Huit personnes étaient donc convoquées jeudi devant le tribunal correctionnel, pour escroquerie en bande organisée, association et malfaiteurs et recel. Jérémie Gnangoin, lui, manquait à l’appel, ayant refusé pour raisons de santé d’être extrait de sa cellule ou de participer à son procès par visio-conférence.

C’est pas moi, c’est lui

Durant leurs auditions, les deux co-détenus s’étaient renvoyé la responsabilité de l’arnaque. Murphy Tchen affirme ne pas avoir su que Jérémie Gnangoin était un arnaqueur professionnel. La cour n’en a pas cru un mot : « Tu es sûr ? Tu avais la mémoire plus rafraîchie en garde à vue. » « J’ai juste rendu service. En fait il m’a manipulé, il me montrait ses comptes Instagram, la famille avait l’air d’avoir de l’argent. »

La petite amie de Murphy et Jacob Tutavae ont été relaxés. Tous les autres ont écopé de peines plus légères que les réquisitions : 3 ans de prison pour Murphy Tchen, 1 an pour Lemmy Tchen, 18 mois pour Jérémie Tchen, 6 mois pour Hitinui Tchen et 156 heures de TIG pour Tevainui Tchen. Quant au cerveau, Jérémie Gnangoin, il a été condamné à 5 ans de prison supplémentaires.

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