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L’AS Vénus veut créer la première équipe professionnelle de Tahiti

©OFC

Début 2026, la Confédération océanienne de football (OFC) lancera le premier championnat professionnel de son histoire. Huit à dix équipes de la région sont espérées, l’appel à candidatures sera lancé début janvier. L’AS Vénus a annoncé sa volonté de présenter un dossier – qui pourrait  prendre la forme d’un « Tahiti United », en association avec un autre club – pour créer la toute première équipe pro de Tahiti. Mais de nombreuses questions, notamment financières et juridiques, restent à éclaircir.

Vénus veut changer de galaxie. En 2026, l’OFC va lancer son championnat professionnel de football, pour élever le niveau global dans la région et permettre aux sélections d’être plus compétitives à l’international. Cette compétition dont Radio1 vous donnait les détails en exclusivité début décembre, rassemblera entre huit à dix équipes venues des plus importantes fédérations de la région.

Jeudi soir, une réunion d’information à destination des clubs et des dirigeants était organisée à la FTF par le directeur technique de l’OFC, et ancien international puis sélectionneur tahitien, Patrick Jacquemet. Calendrier, cahier des charges, ambitions… Le dirigeant a passé en revue les différents points de cette Pro League, pour laquelle l’appel à candidature des équipes débute en janvier, pour durer six mois. Contrairement à d’autres pays de la région, comme le Vanuatu ou les îles Salomon, Tahiti ne présentera pas de projet fédéral. La FTF laisse le soin aux clubs de se manifester. Les équipes intéressées doivent pouvoir s’engager sur quatre ans.

Vénus travaille « depuis deux mois » et a « avancé sur beaucoup de points »

L’une d’elles a pris les devants, l’AS Vénus, qui a mis fin à un secret de polichinelle en annonçant à l’OFC sa volonté de déposer un dossier, par la voix du président de sa section football, Alfred « Coco » Taputuarai. « Le président qui annonce la candidature, c’est la surprise, ce n’était pas prévu qu’il annonce la couleur maintenant et je suis vraiment honoré qu’il dise devant tout le monde que Vénus a envie de devenir professionnel. C’est dans l’ADN de Vénus, une équipe qui a un grand palmarès et qui a toujours eu des ambitions », sourit le manager général de Vénus – également sélectionneur de Tahiti – Samuel Garcia. « Il faut qu’on évolue, qu’on passe pro, il faut que Tahiti y aille », soutient le tavana adjoint de Mahina Frédéric Fritch, venu avec la délégation de Vénus. « C’est intéressant de voir qu’il y a des gens qui sont ambitieux et qui travaillent, ça ne me surprend pas trop par ce que ce sont des gens passionnés et compétents », salue Patrick Jacquemet, lui même ancien gardien de but de Vénus.

Du côté de la fédération, qui approuvera ou non les différents projets, le directeur financier Jean-François Martin ne se dit pas plus surpris que ça : « nous avions entendu qu’un groupe de Vénus travaillait sur le dossier. C’est bien car ils ont des infrastructures grâce à la commune, ils gèrent le stade, c’est déjà un point de départ ». Samuel Garcia confirme que « ce sont des choses dont on parle depuis plus de deux mois ». Il dit « avoir avancé sur beaucoup de points », tout en annonçant que cette candidature pourrait être portée en association avec un autre club. Il évoque déjà un nom, « Tahiti United » et confirme que des clubs ont été approchés. Outre Vénus, deux autres formations étaient représentées jeudi soir, l’AS Tefana et l’AS Pirae. « Il y a d’autres clubs, c’est de bon augure de créer cette émulation, cette motivation pour le bien et le futur de nos jeunes et du football en Polynésie », relève Patrick Jacquemet. « On aimerait qu’il y en ait deux, voire trois, par ce que le grand gagnant finalement, c’est le football polynésien. Ça va donner un sens à nous jeunes footballeurs », abonde coach Garcia.

Alfred « Coco » Taputuarai, main levée, annonce la candidature de Vénus, aux côté de Frédéric Fritch et de Samuel Garcia, sous le regard du président de la FTF. ©FTF

En attente de « réponses essentielles » sur des questions financières et juridiques

Pour autant, l’annonce de Coco Taputuarai n’a pas éclipsé les nombreuses questions restées sans réponse à l’issue des échanges. Samuel Garcia dit avoir des « partenaires à rencontrer, et il faut leur apporter des réponses essentielles« . Car à quelques semaines de l’ouverture des candidatures, les clubs disent manquer de visibilité pour attirer des sponsors disposés à financer leur équipe. Les annonceurs pourront ils diffuser leur marque sur des supports dans le stade, en plus de leurs logos sur les maillots ? L’OFC souhaitant conserver les éventuels droits TV pour amortir la prise en charge des coûts de déplacements, quelles seront les retombées économiques pour les clubs ? « Ce sont des questions centrales, quand tu sais que ça représente entre 100 et 120 millions par an, on a besoin d’avoir des réponses concrètes en termes de retour d’image », relève Samuel Garcia, qui, en revanche n’a « pas de crainte sportivement, au niveau des infrastructures et de l’encadrement ».

Autre point, la question juridique du contrat des joueurs et de leur statut. Contrat fédéral comme dans les clubs semi-professionnels de métropole ? CDD sur la période prévue par la Pro League ? « Il va falloir approcher le Pays, le délai va être court en six mois, mais le challenge est intéressant », glisse Jean-François Martin. « On doit discuter sur les exonérations patronales peut-être, sur le statut du joueur, sur les contrats fédéraux, sur la structure… Est-ce qu’on reste en association, ou est ce qu’on passe sur une SAS qui va gérer la partie pro ? », détaille Samuel Garcia. « On a déjà des pistes, mais le gros du gros c’est boucler le budget ».

Enfin, il faudra éclaircir le calendrier. La Pro League prévoit, pour ses quatre premières années, un format de cinq mois de compétitions, auxquels il faut ajouter deux mois de préparation et un mois de congés. L’OFC plaide pour que les joueurs, une fois leur saison professionnelle terminée, puisse retourner dans leurs clubs amateurs. Ce qui, suggère Patrick Jacquemet leur permettra « de travailler dans l’encadrement » pour continuer à percevoir un salaire pendant l’intersaison professionnelle. Mais cela impliquera aussi de resserrer le calendrier de la Ligue 1, ou alors de convaincre les clubs restés amateurs de se priver de leurs meilleurs éléments pendant une bonne partie de la saison.

Patrick Jacquemet a assuré aux clubs et à la Fédération que l’OFC s’efforcerait d’apporter les réponses au plus vite. La Confédération qui a « beaucoup étudié le juridique avec la FIFA », travaille sur le projet depuis quatre ans et promet un accompagnement sur les questions techniques. Une fois les candidatures bouclées, l’OFC annoncera le nom des équipes retenues en septembre, avant un évènement de lancement en octobre 2025. La première saison de la Pro League débutera en 2026.