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L’association 193 demande aux grands électeurs de voter « en leur âme et conscience » aux sénatoriales

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193 s’élève contre le rapport d’activité 2019 du Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) qui présente ses chiffres, affirme l’association, de façon mensongère. Père Auguste affirme que contrairement aux déclarations du Civen et de la sénatrice Lana Tetuanui, le nombre de victimes reconnues est en baisse depuis l’application de « l’amendement Tetuanui ». Et 193 en appelle aux grands électeurs pour qu’ils n’apportent pas leur vote à Lana Tetuanui aux élections sénatoriales.

Mercredi matin, Père Auguste tenait une conférence de presse pour dénoncer le rapport 2019 du Civen, un rapport « biaisé » selon lui. Il souligne que, pour ce qui concerne les dossiers polynésiens et contrairement à ce qu’affirme le Civen, le nombre de décisions favorables aux demandeurs baisse : 78 en 2018, 62 en 2019, et pour l’instant seulement 17 en 2020, dont une partie a été acceptée parce qu’ils avaient été déposés avant l’amendement dit « Tetuanui » qui impose la condition d’exposition à plus d’un milliSievert, et traités par le Civen avant que cette condition ne soit appliquée aussi aux dossiers antérieurs à l’amendement.

Le Civen axe sa communication sur les 62 dossiers d’indemnisation acceptés en 2019 (dont 41% accompagnés par 193). Mais, dit 193, le timing des acceptations montre qu’il s’agit d’un effort de relations publiques : 17 dossiers ont été acceptés sans audition le 7 janvier 2019, « soit au lendemain de l’adoption de l’amendement », et 13 autres le 25 novembre 2019, « à la veille de la venue du président du Civen, Alain Christnacht. » En revanche le Civen passe sous silence les 92 dossiers rejetés : « Il n’y a aucune explication pour les dossiers défavorables, parce qu’ils savent qu’ils répondent aux mêmes critères que les dossiers acceptés », affirme Père Auguste. Il accuse le Civen d’indemniser de préférence des maladies déclarées tardivement, qui donnent donc lieu à une indemnisation plus faible.

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Reconnaissance de contamination in utero, une première

L’association193 dénonce également une inégalité de traitement entre les dossiers, citant le cas de ces deux sœurs de Raivavae, toutes deux atteintes de cancers du sein, dont l’une a été indemnisée et l’autre pas.

Mais surtout, il met en lumière deux cas, de jeunes femmes nées en 1972 et 1975, qui ont elles aussi déclaré des cancers du sein en 2017, et pour qui le Civen a reconnu au mois de juin dernier la probabilité d’une contamination in utero.  Pour lui, cette reconnaissance inédite repose la question des conséquences intergénérationnelles de l’exposition aux rayons ionisants  – question à laquelle la communauté scientifique n’a pas encore répondu de manière certaine. Il encourage donc les familles à réexaminer leur histoire médicale et à se manifester.

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« On sait bien que tout est ficelé »

193 demande aux candidats aux sénatoriales de se positionner sur le fameux « amendement Tetuanui » : « l’amendement Tetuanui est un amendement assassin et je pèse mes mots. Nous encouragerons le candidat qui osera affirmer qu’il mettra toutes ses forces à faire annuler cet amendement » dit Père Auguste. Et, aux grands électeurs, il demande de garder « une conscience libre et avisée », même s’il prend l’exemple de l’élection du président et du bureau du SPC pour affirmer « on sait bien que tout est ficelé. »

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