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L’Australie en opération séduction auprès des élus polynésiens

Les députés Steve Chailloux et Tematai Le Gayic, la représentante autonomiste Tepuaraurii Teriitahi et le juriste Raimana Lallemand-Moe participeront fin février au « Canberra Fellowship Program », une initiative diplomatique australienne visant des dirigeants « prometteurs » de la région. Pendant 8 jours de Fidji, à Sydney en passant par Canberra ils enchaineront les visites et rencontres pour parler de l’action australienne en Océanie, de régionalisme et de coopération en matière environnementale ou économique.

C’est un programme « sur-mesure » que le consulat général d’Australie a préparé pour la fin février. La représentante Tepuaraurii Teriitahi, les députés Steve Chailloux et Tematai Le Gayic et le juriste Raimana Lallemant-Moe feront partie d’une délégation comprenant aussi cinq élus calédoniens, invitée à une série de visites et de rencontres à Suva, Canberra et Sydney. Huit jours au total s’inscrivant dans le « Canberra Fellowship Program » mis sur pied en 2018 par le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce et qui concerne pour la première fois la Polynésie.

Devenir un « Partenaire privilégié » dans la région

Le programme vise à faire venir sur l’île-continent des petits groupes de dirigeants « prometteurs » de la région indo-Pacifique, issus du milieu politique, mais aussi de la haute administration, de la justice, du milieu universitaire ou des médias. « L’objectif du programme est de les aider à mieux comprendre l’Australie, d’approfondir les liens avec l’Australie en tant que partenaire privilégié, explique Alison Shea, la consule générale d’Australie en Polynésie française, et de comprendre comment et pourquoi l’Australie soutient une meilleure intégration régionale. »

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Si le Canberra Fellowship Program avait été fortement « ralenti » par la crise Covid, il a été proposé à une dizaine de délégations depuis 2022, et devrait en accueillir 18 autres cette année. À chacun sa thématique : stratégie et sécurité pour Tonga, économie verte pour la Malaisie, échanges parlementaires avec l’Indonésie, climat et énergie avec des responsables indiens, coopération bilatérale avec le Japon ou le Vietnam… Dès le mois de septembre, le consulat avait approché les personnalités retenues, fait des propositions de calendrier et de programme de visite. Les deux élus Tavini et la représentante Tapura, qui font partie des plus jeunes représentants de leur partis, ainsi que le juriste et enseignant-chercheur Raimana Lallemant-Moe, qui est est conseiller environnemental auprès de la vice-présidence en plus de ses activités à l’UPF et sa chaîne de vulgarisation juridique, ont eux aussi pu faire part de propositions et de suggestions.

Climat et énergie

En ressort un programme qui passera par les institutions régionales basées à Fidji – notamment le Forum des îles du Pacifique, principal instrument du régionalisme promu par Canberra – et bien sûr par l’Australie, avec des rencontres prévues avec des ministres, diplomates, universitaires et techniciens de l’administration ou du privé. Ou, comme l’ont demandé les membres de la délégation, avec des personnalités du monde des affaires, déjà en lien avec la Chambre de commerce franco-australienne. « Les participants vont aller à Canberra et à Sydney pour mieux comprendre comment la Polynésie française et l’Australie peuvent travailler plus étroitement dans des secteurs clés, reprend Alison Shea, à l’instar des changements climatiques et de la transition énergétique. » Les questions de coopérations universitaires, de mobilité ou encore de traitement des déchets devraient aussi être abordées durant ce séjour au « programme très chargé ». L’idée est aussi, côté Canberra, de « comprendre comment les intérêts australiens et polynésiens peuvent s’aligner pour renforcer la grande ‘famille’ océanienne ».

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Les quatre représentants polynésiens seront accompagnés, dans cette délégation, par cinq élus calédoniens, dont les loyalistes Nicolas Metzdorf, Naia Wateou et Yoann Lecourieux, ainsi que deux représentants du mouvement indépendantiste kanak.

Depuis 2018, l’Australie a lancé d’importants efforts diplomatiques et économiques pour appuyer sa présence et son influence dans le Pacifique. Efforts qui ont été relancés avec l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Anthony Albanese en mai 2022, à la sortie de la crise Covid. Certains ont vu dans cette stratégie une réaction aux ambitions diplomatiques chinoises dans la région, face auxquelles les États-Unis ont eux aussi lancé une offensive ces dernières années. Lors de son passage à Papeete en octobre 2022, au cours duquel le nouveau consulat général a été officiellement inauguré – la Polynésie dépendait auparavant du consulat installé à Nouméa -, la ministre des Affaires étrangères Penny Wong, qui terminait une grande tournée régionale, avait rappelé que l’Australie était « le seul pays du monde avec un poste diplomatique dans tous les pays du Pacifique ». La responsable avait déjà insisté sur la coopération en matière de changements climatiques, d’environnement et d’énergie. Les deux consules générales s’étant depuis relayés en Polynésie – Claire Scott et depuis juillet dernier, Alison Shea – ont aussi beaucoup travaillé, avec les autorités polynésiennes, sur la coopération culturelle, en matière de jeunesse et d’enseignement.

L’Australia Day célébré à Tarahoi ce jeudi

Le 26 janvier, l’Australie célèbre sa fête nationale. La date, qui commémore l’arrivée de la première flotte européenne dans la baie de Sydney, n’avait pas été marquée en Polynésie avant la création d’un consulat général à Papeete en mai 2021. Après une cérémonie dans le hall de l’assemblée en 2022, un cocktail à l’Intercontinental l’année suivante, l’Australia Day reviendra à Tarahoi cette année. Jeudi 25, une grosse centaine d’invités, réunissant une bonne partie du gratin politique et économique, sont attendus dans les jardins de l’assemblée. La célébration n’a pas pu se faire le vendredi 26, date déjà retenue pour un autre rendez-vous diplomatique : le haut-commissaire organise à sa résidence la célébration des 60 ans de relations entre la Chine populaire et la France, premier grand pays du monde occidental à avoir reconnu l’État communiste en janvier 1964. Qu’importe, pour la consule australienne : jeudi soir, on sera déjà le 26 janvier à Canberra ou à Sydney.