Le conseil des ministres a validé la date du 20 novembre comme jour férié consacré aux célébrations du Matāri’i i nia. Un « jour de l’an polynésien » qui remplacera, à partir de 2025, le 29 juin et sa Fête de l’Autonomie, instaurée en 1985 par Gaston Flosse, et qui deviendra donc un jour travaillé banal.
Le conseil des ministres a officialisé le 20 novembre comme jour férié, en remplacement du 29 juin. Un changement qui se concrétisera en 2025. Depuis sa création en 1985 par Gaston Flosse, la fête de l’Autonomie du 29 juin fait débat pour plusieurs raisons. D’abord parce que cette célébration ne correspond véritablement à aucune date liée au statut de la Polynésie. Tous ont été promulgués à des dates différentes et jamais un 29 juin : celui de 1958 un 23 décembre, celui de 1977 un 12 juillet, celui de 1984 un 6 septembre, celui de 1996 un 12 avril et enfin celui de 2004 un 27 février. Mais c’est surtout du côté indépendantiste que la fête ne passe pas. Il faut dire que le 29 juin rappelle un mauvais souvenir : l’annexion de la Polynésie par la France, le 29 juin 1890. Le Tavini l’a donc, depuis longtemps déjà, désigné comme « jour de deuil », commémoré à la stèle de Faa’a, rendant hommage aux morts de la colonisation et des guerres franco-tahitiennes.
Bien loin de la fête autonomiste qui se déroulait en ville de Papeete avec le défilé populaire du Hiva Vaevae sur le front de mer, plus organisée depuis quelques années, avec levée des couleurs, hymnes, remise d’insignes de l’Ordre de Tahiti Nui et autres animations en soirée. En 2023, quelques semaines après la victoire du Tavini aux territoriales, des pas sont tout de même faits de part et d’autre. Le président du Pays Moetai Brotherson avait alors assisté à la cérémonie devant la stèle de Paofai aux côtés des dirigeants autonomistes. Aucun d’entre eux n’ira à la stèle de Faa’a, mais Éric Spitz, lui, participera à une commémoration aux côtés du nouveau président et des représentants du Tavini. Pour le haut-commissaire il s’agissait de « faire en sorte que le 29 juin ne soit plus une fête de division, mais une fête de la cohésion ».
« Le jour de l’an polynésien »
Le Tavini n’a jamais pensé faire du 29 juin une fête de la cohésion mais toujours plaidé pour une nouvelle date plus représentative de l’histoire et de la culture polynésienne. En mars, le gouvernement a accueilli le professeur Rangiānehu Mātāmua, dont les travaux ont permis de déboucher sur la célébration du Matāri’i en Nouvelle-Zélande, faisant du 24 juin un jour férié depuis l’année 2022 dans ce pays. La vice-présidente Éliane Tevahitua comptait sur l’expérience et le savoir du professeur émérite de mātauranga (savoir traditionnel maori) pour faire des célébrations culturelles du Matāri’i un jour férié aussi en Polynésie française. La date du 20 novembre avait plusieurs fois été évoquée et elle apportait satisfaction aux associations culturelles, notamment Haururu qui avait remis au goût du jour ces célébrations. Yves Doudoute, membre fondateur de l’association, avait notamment précisé que cette reconnaissance permettrait d’encourager la population à se réapproprier le temps polynésien.
Le gouvernement, qui considère le 20 novembre comme « le jour de l’an polynésien » avec l’apparition des Pléiades au-dessus de l’horizon et l’ouverture de la saison d’abondance, y voit un double symbole car le 20 novembre est aussi la journée internationale des droits de l’enfant. « Ce serait la fête d’entrée dans le temps de l’abondance de la nature et de ses cycles de fécondation et de reproduction, celle des activités et productions intellectuelles, artistiques et de vie quotidienne, mais aussi la fête du tama, de l’enfant entré dans son temps d’apprentissage et d’éducation, accédant désormais au statut d’individu socialisé et autonome », peut-on lire dans le compte-rendu du conseil des ministres.