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Le buste de Pouvana’a et la pointe Tata’a bientôt classés aux monuments historiques

La vice-présidence a proposé, mercredi en conseil des ministres, le classement, au titre des monuments historiques, de la sculpture installée sur la place Tarahoi représentant le Metua, de même que le site Tāta’a i Fanatea à la limite entre Punaauia et Faa’a.

« Un véritable œuvre d’art » pourrait bientôt rejoindre la liste des monuments historiques du Pays. Cette proposition de la vice-présidente Eliane Tevahitua examinée mercredi par les ministres, concerne le buste de Pouvānaˈa a ˈŌˈopa. « La personnalité, le charisme du Metua et son amour du peuple polynésien appuient et justifient cette demande », a souligné la membre du gouvernement en charge de la Culture. Fruit du travail du sculpteur Georges Oudot, le buste a été inauguré le 10 mai 1982. « Posé sur un socle en béton et soutenu par deux colonnes d’une hauteur de 4 mètres, ce monument est un incontournable de la place Tarahoi », précise le conseil des ministres qui a approuvé cette proposition.

« Faire honneur à cet homme »

« Considéré comme l’homme fondateur de la classe politique tahitienne », engagé lors de la première Guerre Mondiale et partisan de la France libre durant la 2nde, Pouvana’a a Oopa (1895-1977), fondateur du Rassemblement démocratique des populations tahitiennes (RDPT) a été député puis sénateur. Entre ces deux mandats, celui qui est considéré comme le « père du nationalisme tahitien » par le Tavini, le « père du syndicalisme polynésien » par les grandes centrales du pays, a été accusé d’avoir été l’instigateur d’incendies à Papeete, et a connu une longue période d’incarcération et d’exil en métropole. Finalement gracié par le général De Gaulle, il a fallu attendre 2018, plus de 41 ans après sa mort, pour que son innocence soit reconnue par la justice.

« La proposition de classement au titre des monuments historiques du Pays du buste réalisé par l’artiste Georges Oudot fait honneur à cet homme qui n’a eu de cesse de se battre pour les intérêts de sa population et de ses générations futures », précise le conseil des ministres.

« Cinq éléments majeurs » identifiés à Tata’a

L’inventaire des monuments historiques pourrait donc évoluer rapidement, d’autant qu’un second site fait l’objet d’une proposition similaire. Il s’agit de la pointe Tata’a, ou Tāta’a i Fānātea, qui se trouve au bout de l’Intercontinental de Faˈaa et du terrain alloué au village tahitien à Punaauia. Autrefois l’un des sites les plus sacrés de Tahiti, où selon la tradition, l’âme des défunts débutait son voyage vers l’au-delà. Le conseil des ministres définit « cinq éléments majeurs » à classer en plus de la la colline de Tāta’a : les sources Punau et Vaitupa, la falaise te Hi’u, l’empreinte du pied de Pail, un banian et la petite passe Te-Ava-iti-nō-Veo. Cet espace empreint de traditions, mythes et légendes, fait l’objet d’une attention particulière depuis plusieurs années, tant de la part des promoteurs hôteliers que des organismes de sauvegarde du patrimoine. Il a notamment été répertorié en 2006 dans l’inventaire provisoire des sites archéologiques, historiques et légendaires de Polynésie française. Une demande d’inscription sur la liste des sites à classer en tant que patrimoine culturel immatériel avait ensuite recueilli un avis favorable en 2007.

« Si de nombreuses tentatives de classement sont initiées et parfois soutenues par les associations, il n’en demeure pas moins que la procédure reste lettre morte. Le Pays propose aujourd’hui et au vu des éléments ethnolinguistiques et juridiques dont il dispose, le classement du site de « Tāta’a i Fānātea » au titre des monuments historiques en vertu du code du patrimoine », conclut la proposition.