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Le cannabis en débat : « de ce mal, en faire un bien », dit Édouard Fritch

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Le colloque sur le cannabis en Polynésie s’est ouvert ce mardi matin à l’UPF. Un évènement de trois jours qui a pour but d’éclairer la population et les gouvernants sur ce sujet de société, et d’aborder ses problématiques au niveau de la législation, de la santé mais aussi de l’économie, car le Pays espère bien se lancer dans la production de cannabis à but thérapeutique, une fois toutes les barrières juridiques tombées. Cette première journée avait pour thème le cannabis et le droit, avec des intervenants variés – enseignants, chercheurs, avocat et ancien policier. Mercredi le thème sera le cannabis et la santé et jeudi, le cannabis et l’économie.

Une centaine de personnes étaient présentes ce mardi dans l’amphithéâtre de l’Université de Polynésie française ou se tenait la première journée d’un colloque sur le cannabis prévu sur trois jours. Dans la salle, pas de prosélytisme, ni de t-shirt arborant la fameuse feuille chère à Bob Marley. Juste des personnes intéressées par ce sujet de société qu’est devenu la consommation de cannabis, qu’il soit thérapeutique ou récréatif. Les intervenants venaient d’horizons divers : maître de conférences, avocat, chercheur en sociologie, professeur en sciences criminelles ou même ancien officier de police ont donné un avis éclairé sur la question et avancé quelques pistes.

Ce n’est pas vraiment sur le cannabis en tant que drogue récréative que l’éclairage est mis, mais plus sur son aspect thérapeutique. Un aspect qui intéresse grandement le Pays, comme le confirme le président de Polynésie française, Édouard Fritch, « Je ne suis pas venu parler du paka en tant que stupéfiant, là-dessus les choses sont claires, il est interdit de consommer du cannabis sur le territoire. (…) le sujet est, que peut-on faire d’autres avec le cannabis ? Il serait peut-être opportun pour le Pays de se lancer dans la production d’huile de cannabis à des fins thérapeutiques. (…) De ce mal, en faire un bien.»

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Outre cette possibilité économique, pour le président l’intérêt de ce colloque est de prendre la température de la société civile sur le sujet. C’est la démarche qu’a entrepris le député Moetai Brotherson, à l’origine de ce colloque, en commanditant un sondage de 75 questions posées à un panel de 1 049 personnes des îles du Vent. Tant sur la perception de la dangerosité du cannabis, que de son usage thérapeutique ou récréatif, mais aussi sur son éventuelle légalisation ainsi que des retombées sur l’économie et sur l’emploi.

Un sondage qui en a surpris plus d’un. Tout d’abord par le nombre de personnes de plus de 15 ans, qui ont reconnu consommer du cannabis quotidiennement, soit 16% de la population des 15 ans et plus. 42% ont reconnu avoir dans leur foyer une personne qui consomme du paka et 19% une personne dans la famille qui plante. Une situation qu’Édouard Fritch explique par le fait que de nombreux d’adolescents sont initiés au cannabis au sein même de leur famille. Il estime qu’il doit y avoir beaucoup plus de personnes qui s’adonnent régulièrement à la « fumette ».

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Sa dangerosité ? Si l’on en croit les sondés, le cannabis serait plus dangereux que le café mais beaucoup moins que l’alcool, le tabac, les champignons, l’ecstasy, la cocaïne et l’ice. D’ailleurs, une majorité des sondés, 93%, se déclare favorable à l’usage médical du cannabis sur ordonnance et 80% sont favorables à un encadrement du cannabis où des règles pour produire, vendre ou consommer seraient édictées, tout en maintenant son interdiction dans certains cas. Concernant l’impact qu’aurait le cannabis thérapeutique sur l’économie, là aussi une majorité, 80%, estime que cela créerait des emplois et une source de revenus pour le territoire.

L’approche répressive, une exception française dans le Pacifique ?

Une économie verte légalisée ou du moins dépénalisée dans plusieurs pays occidentaux. Ce n’est pas le cas dans les pays du Pacifique restés sous influence française, où l’interdiction reste totale comme le note un intervenant, Lorenz Gonshor, enseignant à l’UPF. Celui-ci explique que dans les pays et territoires du Pacifique de la sphère anglo-saxonne, Australie, Nouvelle-Zélande, Hawaii, Guam, Mariannes du Nord, à minima le cannabis thérapeutique est légal et le récréatif parfois dépénalisé. Il a cité aussi l’exemple de Rapa Nui où l’usage du cannabis thérapeutique a été légalisé en 2014 et la culture à titre de consommation personnelle et récréative qui a été dépénalisée en 2015.

En Polynésie française, la situation est différente, eu égard à son statut.  « Il a été récemment confirmé que le Pays était compétent pour définir les stupéfiants, dire ce qui l’est ou ne l’est pas, et donc éventuellement pour retirer le cannabis de la liste des stupéfiants », explique Me Millet qui estime que la question est « qui doit mettre en place les mesures pour le cannabis thérapeutique ? Le Pays ou l’Etat ? » Un débat loin d’être terminé, selon l’avocat, d’autant que si le domaine de la santé échoit au Pays, la justice, elle, est la prérogative de l’Etat. « Il y a là une ambiguïté entre le droit de la santé et le droit pénal qui s’entrechoquent, un peu comme pour le covid. (…) mais c’est bien une compétence de la Polynésie française ».

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Demain, le cannabis et la santé seront au centre des débats. Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, l’intégralité des trois jours du colloque est retransmise en direct sur la chaîne YouTube de l’UPF.

©MM/FB

Le sondage réalisé au fenua :

Rapport Perception Du Cannabis Polynésie Française