ACTUS LOCALESJUSTICE Le carpaccio, un plat à ne pas mettre entre toutes les mains Pascal Bastianaggi 2020-08-21 21 Août 2020 Pascal Bastianaggi ©DR L’affaire avait fait du bruit sur les réseaux sociaux courant août 2019. Une personnalité télévisuelle du fenua avait eu une altercation avec un restaurateur à Papara à cause d’un carpaccio. Leur affaire a été jugée ce vendredi. Si la jeune femme a été relaxée, le restaurateur a été condamné à une amende. L’affaire avait fait du bruit sur les réseaux sociaux courant août 2019. Ambre Baker, quelques temps animatrice de l’émission Purotu, avait fait état sur les réseaux sociaux d’une agression dont elle aurait fait l’objet de la part du patron du snack Taharuu à Papara. Des posts aussitôt contredits par la femme du patron qui avait à son tour livré sa version des faits. Et les partisans de chacun des belligérants, défendant leur champion à coup de commentaires plus ou moins belliqueux, s’en sont donné à cœur joie. Cela a fait un tel ramdam, que le premier numéro de Purotu, qui devait passer sur TNTV, a vu sa diffusion repoussée le temps que la polémique dégonfle. Ce vendredi cette affaire était jugée par le tribunal de police en l’absence de la jeune femme retenue en métropole, mais en présence du couple à la tête du snack Taharuu, Mario Constanzo et son épouse. Étant donné que les deux parties avaient déposé plainte, ils étaient à la fois prévenus et victimes. Le carpaccio de la discorde À ce que l’on a pu comprendre, chaque partie ayant sa vérité, cette affaire a débuté alors que la jeune femme était attablée au snack en compagnie d’amies. Visiblement l’une aurait commandé un poisson cru ou un sashimi, on ne sait pas trop, et on lui aurait servi à la place un carpaccio de thon. S’ensuit une discussion entre la serveuse et les jeunes femmes. Une serveuse « arrogante », selon les jeunes femmes, « gentille et douce » aux yeux de ses employeur; quoi qu’il en soit le ton monte et la patronne s’en mêle. Début de bousculade. Le patron, qui était alors aux fourneaux, est alerté par le bruit. Voyant la tournure que prenait la discussion, il décide de faire sortir les jeunes femmes de son établissement. Re-bousculade dans laquelle Ambre Baker chute, suite, selon elle, à un coup porté par le patron. Ce qu’il dément. À la barre, le septuagénaire au fort accent italien, affirme qu’il ne l’a pas frappée, mais à peine « effleurée ». Selon lui, la jeune femme aurait fait un scandale hurlant, « c’est comme cela que vous traitez les gens ! Vous savez qui je suis, je suis la fille du patron du Blue Banana. » « Je suis sorti de ma cuisine et elle m’a tapé », assure-t-il en mimant la scène. Et avec l’intention d’enfoncer le clou, il ajoute, « c’est moi qui ai porté plainte en premier ! » ce à quoi le juge rétorque, « ce n’est pas celui qui porte plainte le premier qui a raison ». « Je maintiens que je n’ai fait que l’effleurer » renchérit l’homme. « C’est consternant d’en arriver là » Un témoin, présent ce jour, explique qu’il était dos à la scène quand elle s’est déroulée, mais qu’interpellé par les cris, il s’est retourné et a vu le patron repousser la jeune femme, « ce n’était pas un coup, en tous les cas » assure-t-il, relevant que « c’est consternant d’en arriver là », ce à quoi l’avocat de la jeune femme répond « je suis d’accord avec vous ». « C’est valable pour votre cliente, maître ». « Je suis d’accord avec vous. » Interpellant la patronne, le juge lui fait remarquer que « le prochain coup, prévenez la police, c’est mieux, car quand le mari intervient on ne sait jamais ce qu’il va se passer. Résultat, on perd tous notre temps alors que certains seraient sûrement mieux à la plage plutôt qu’au tribunal. » Assentiment du témoin. Pour la procureure, « ça va être rapide. Qui a commencé, je n’en sais rien. J’ai l’impression que l’on a une cliente agressive ou mal élevée, ou bien les deux,et de l’autre on a un mari qui défend sa femme un peu agressive, qui monte vite dans les tours. Je demande 40 000 Fcfp d’amende pour les deux parties. » Pour l’avocat de la jeune femme, « ce que l’on sait de manière certaine, c’est que ma cliente a reçu un coup au visage », montrant une photo sur laquelle la jeune femme porte une trace d’ecchymose sur la joue : « il reconnait le coup, même s’il dit l’avoir juste effleurée. » Il demande la relaxe de sa cliente, arguant « qu’elle a déjà payé, elle s’est fait lyncher sur les réseaux sociaux et a perdu son travail suite à cela. » Quant à l’avocate du restaurateur, elle plaide la légitime défense et demande aussi sa relaxe. Ambre Baker a été relaxée « au bénéfice du doute », quant au restaurateur il a été condamné à une amende de 15 000 Fcfp, et il devra verser à la plaignante 15 000 Fcp au titre du préjudice physique et 10 000 Fcfp pour le préjudice moral, ainsi que 40 000 Fcfp pour les frais d’avocat. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)