Les deux flotteurs du navire gonflable, sur lequel deux Russes font un tour du monde, ont été endommagés par des morsures de petits requins, des « squalelets féroces ». Les navigateurs, accompagnés d’un équipier français, ont dû activer leur balise de détresse pour qu’un cargo passant dans la zone vienne les secourir.
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Un énorme cargo, qui jouxte un minuscule catamaran, visiblement sur le point de couler. L’image, capturée en pleine nuit par drone et diffusée par les secours australiens, a déjà fait le tour du monde. Et pour cause : l’embarcation gonflable et ses trois occupants, qui tentaient de relier le Vanuatu à Cairns, au Nord-Est de l’Australie, ont dû être secourus après des attaques de requins. D’après les premières constatations les assaillants seraient des « squalelets féroces » (cookiecutter shark en anglais). Une espèce petite mais vorace comme son nom l’indique, persévérante aussi puisque les attaques se sont étalées sur deux jours, et qui sont capables de faire des trous circulaires dans la chair de certains autres animaux… Ou, en l’occurrence, dans les flotteurs en plastique mou du catamaran, endommagé à près de 1 000 kilomètres des côtes australiennes, et qui a tout de même réussi à naviguer près de 200 km de plus avant de renoncer. La balise de détresse du bord a alors été activée et un porte-véhicule circulant dans la zone, le Ace Dugong, s’est dérouté pour récupérer, tout juste à temps, ses occupants. « De grandes parties de la coque du catamaran étaient manquantes, précise un responsable des secours australiens à la chaine NBC News. Cette balise leur a vraiment sauvé la vie. »
À bord du frêle esquif, deux marins très expérimentés, Evgeny Kovalevsky et Stanislav Berezkin, que Radio1 avait rencontrés en juin dernier lors d’une escale au fenua. Ils avaient quitté Saint-Pétersbourg en 2021 pour un tour du monde sur les traces des grands explorateurs russes du XIXe siècle et pour promouvoir – un an avant le début de l’invasion russe en Ukraine – « l’amitié entre les peuples ». Un voyage qui n’a pas été de tout repos : mi-mars, les intrépides marins avaient perdu leur première embarcation, un trimaran gonflable déjà, au large de l’île de Pâques. Ironie du sort, c’était un équipage dirigé par un capitaine originaire de Marioupol qui les avaient secourus.
Le duo avait réussi, à Rapa Nui, à trouver un nouveau navire, ce catamaran de neuf mètres à peine, baptisé Russian Ocean Way, et à bord duquel ils partagent un espace exigü aménagé avec des bâches sous le mât, pour continuer sur leur route vers le fenua. Suivront une météo difficile et des casses matérielles entre Mangareva et Hao, une attaque de requin sur l’un des flotteurs, déjà, avant d’arriver à Fakarava… et une longue pause à Taravao, où Stanislav et Evgeny, d’un naturel chaleureux et décidé à « parler à la jeunesse du monde » de sciences, d’histoire et de coopération internationale, ont enchainé les rencontres et cherché un nouveau membre d’équipage. Les candidats ne s’étaient pas bousculés, mais sur la route de l’Australie, les deux Russes avaient finalement récupéré un équipier français au Vanuatu, qui était aussi à bord lors du quasi-naufrage, dans la nuit de mardi à mercredi. Les trois marins doivent arriver à Brisbane ce jeudi. Sans le catamaran gonflable, qui a dû être abandonné en mer pour le plus grand plaisir, peut-être, des squalelets de la mer de Corail.