Le conseil des ministres a adopté ce mercredi le projet de délibération portant composition du Conseil économique social, environnemental et culturel (Cesec), qui était dans l’impossibilité de se réunir depuis plus de quatre mois. Une composition qui doit encore être validée par l’assemblée, mais qui pourrait être discutée, voire contestée par certains organismes, notamment du côté patronal.
Le 2 septembre dernier, le Cesec se réunissait pour la dernière séance de sa mandature. Dès la semaine suivante la quatrième institution du Pays n’avait officiellement plus de membres. Mais plutôt que de demander aux groupements professionnels, syndicats ou associations de nommer de nouveaux conseillers, le gouvernement avait souhaité temporiser. Il s’agissait alors de mener à terme, avant tout renouvellement, un toilettage des règles du conseil. Plus de quatre mois plus tard – et des dizaines de textes sur lesquels l’organisme consultatif n’a pas pu s’exprimer – le Cesec n’est toujours pas relancé. La modification du statut de l’institution a bien été votée à l’assemblée, début décembre, mais une délibération manque encore à l’appel pour parfaire la réforme. Un texte dont le projet a finalement été adopté ce mercredi en Conseil des ministres, et qui doit désormais être étudié « en urgence » à Tarahoi. De quoi remettre le Cesec sur les rails ? Oui, sauf que les nouvelles règles devraient engendrer des discussions chez les organisations membres.
Regroupement familial
Car outre quelques changements à la marge (heures d’absence en entreprise pour les conseillers, changement officiel du nom pour intégrer « l’environnemental »…) la réforme a surtout introduit la notion de parité dans l’institution. Nécessaire, a jugé le gouvernement, vu les 13 femmes qui siégeaient lors de la dernière mandature sur 48 conseillers. Sauf que la loi du Pays votée en décembre prévoit que seule les organisations détenant plus d’un siège sont tenues d’assurer cette parité parmi leurs nominés. Et ces organisations, jusqu’à présent, sont au nombre de deux : la CSTP-FO, sommée de nommer au moins une femme sur ses trois conseillers, et la CSIP, qui devra choisir un binôme mixte. Les deux syndicats, qui n’avaient nommé que des hommes sous la dernière mandature, ont rapidement dénoncé une application « discriminatoire » de la règle, relevant que les organisations patronales, dont la représentation est scindée en différentes fédérations et syndicats professionnels détenant chacun un seul siège, n’y étaient pas soumises.
Un argument notamment développé par Patrick Galenon, et qui a visiblement retenu l’attention du gouvernement : le projet de délibération voté ce mercredi règle la question en regroupant les sièges patronaux par « famille de secteurs ». Ainsi, la CPME passe de un à trois sièges quand ses organismes affiliés (le syndicat des restaurants et celui des prestataires de services) perdent le leur, du moins sur le papier. Même « regroupement familial » pour le Medef qui dispose, au terme du projet de délibération, de six sièges, empruntés à la FGC (commerçants), au Sipof (industriels), à l’UPPF, à l’association des banques et à celle des transporteurs aériens et maritimes, qui lui sont tous affiliés.
Après le coup de gueule syndical, le débat patronal ?
Les deux grandes centrales patronales devraient donc, au terme du texte, nommer au moins une femme pour la CPME et trois pour le Medef. Mais les fédérations d’entrepreneurs sont aussi, en outre, tenues de « veiller à la représentation » des secteurs de leurs syndicats affiliés et qui perdent leur siège dans la réforme. Du côté de la CPME, on avait pointé d’avance une complexification inutile des règles de nomination. La confédération, qui regrette de n’avoir pas été consultée sur cette idée de regroupement, pourrait saisir les élus sur le projet, et n’exclut pas un recours si le texte était voté en l’état à Tarahoi. Certains syndicats affiliés à l’une ou l’autre des centrales pourraient eux aussi dénoncer cette perte d’autonomie dans leur nomination. Et c’est même tout le milieu patronal qui pourrait entrer en débat sur l’équilibre des sièges entre le Medef et la CPME.
S’ajoutent aux recours potentiels les quelques déçus de la nouvelle composition : le Syndicat de la fonction publique perd son siège au profit de la Fraap, le GIE Tahiti Tourisme absorbe la représentation des hôtels et des pensions, les retraités devront s’accorder à trois organisations plutôt qu’à deux pour désigner leur représentant… Pas encore réinstallé, le Cesec se prépare déjà à de longs débats.
La nouvelle composition du Cesec proposée par le gouvernement :
Collège des entrepreneurs
Collège des salariés :
Collège du développement :
Collège de la Vie collective :
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