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Le chômage baisse… parce que les chercheurs d’emploi se « découragent »

Nicolas Prud’homme, directeur de l’ISPF. ©C.R.

La dernière enquête emploi de l’ISPF estime à 9,5% le taux de chômage parmi les actifs. Un chiffre en baisse constante depuis 2018 mais qui serait surtout dû au fait que certains Polynésiens abandonnent leurs recherches devant la difficulté de trouver un emploi.

Attention aux apparences, c’est un peu le message de l’Institut de la statistique, qui a présenté jeudi matin les résultats de sa dernière enquête emploi. Une enquête dont le chiffre phare aurait pu être le taux de chômage, en baisse constante : 14,5% lors de la première étude du genre, en 2018, puis 12,8% l’année suivante, 10,5% en 2020 et 9,5% au dernier relevé, effectué entre mars et juin dernier. De quoi surprendre en pleine crise Covid. Mais le directeur de l’ISPF interpelle surtout sur une autre donnée, celle du taux d’activité. Il est, lui, en baisse légère, mais tout aussi continue : 60,6% en 2018, 59,2% en 2020 et 58,6% l’année passée. « Structurellement, on a des personnes qui gravitent autour de l’emploi, explique Nicolas Prud’homme. Même si le taux de chômage baisse ça ne veux pas dire qu’il y a une embellie de l’emploi en Polynésie ».

3 200 « personnes ne souhaitant pas travailler » en plus en un an

Moins de chômeurs, mais aussi moins d’actifs. Ce paradoxe tient au fait que le chômage, défini en Polynésie comme partout ailleurs par le Bureau international du Travail, correspond à plusieurs critères cumulatifs : un chômeur ne doit pas avoir travaillé dans les 15 derniers jours avant l’enquête, doit être disponible pour travailler, et surtout être en recherche « active » d’un emploi. S’il ne répond pas à l’un de ces critères, il est alors considéré comme « inactif ». Cela a été le cas de plusieurs centaines de Polynésiens entre 2020 et 2021 : alors que la population en âge de travailler (15-64 ans) gagne 500 unités, le nombre de personnes en emploi n’augmente que de 300. Pire, le nombre d’actifs (personnes en emploi et chômeurs en recherche active d’emploi) baisse de 900. Les rangs des inactifs, arithmétiquement, gonflent : +1400 personnes, soit 76 700 Polynésiens. Parmi eux, ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi (personnes « ne souhaitant pas travailler ») prennent de plus en plus de poids : 59 000 personnes en 2021, soit 5% de plus que l’année précédente. « On a constaté que des personnes sont découragées et ont arrêté de chercher un emploi », résume le directeur.

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Le vieillissement de la population à l’horizon

Des travailleurs « découragés » et d’autres qui sont aidés. Quand l’enquête 2021 a été réalisée, entre mars et juin dernier, les frontières du fenua étaient fermées par les motifs impérieux, et les aides de l’État et du Pays battaient leur plein pour tenir à flot l’activité. Si la crise n’a pas fait s’envoler le taux de chômage, c’est aussi grâce à l’intervention de la puissance publique, qui constitue quoiqu’il arrive un amortisseur important du marché de l’emploi au fenua. « Le fait d’avoir énormément d’emplois fonctionnaires en Polynésie, environ la moitié des emplois que ce soit l’État, le Pays ou l’Armée, a permis de faire face à la crise », reprend Nicolas Prud’homme. Au plus long terme, c’est le vieillissement de la population qui fait peu à peu basculer le ratio actifs/inactifs, qui devrait faire levier sur ces chiffres de l’emploi.

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Parmi les autres observations de l’institut : l’écart de taux d’emploi qui se resserre légèrement entre les femmes (46%) et les hommes (60%),  les 15-29 toujours plus touchés que les autres par le chômage, les diplômes universitaires qui sont plus que jamais un facteur d’insertion sur le marché, et la zone urbaine qui affiche toujours 8 points de taux d’emploi de plus que la zone rurale.

L’ISPF qui va relancer dès le mois de février une nouvelle enquête emploi dans les îles de la Société et aux Marquises. Plus de 4 000 personnes seront interrogées sur leur situation, par une trentaine d’enquêteurs. De quoi mettre à jour les chiffres sur l’après-crise et mesurer les conséquences réelles du Covid sur l’emploi au fenua.