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Le Congrès calédonien scelle un rapprochement polémique avec l’Azerbaïdjan

La présidente du Milli Medjlis (l’assemblée azérie), Sahibé Gafarova et l’élue indépendantiste au Congrès Omayra Naisseline, ont signé ce mémorandum, le 18 avril, à Bakou

Un mémorandum de coopération a été signé entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan, a indiqué mardi le président indépendantiste de l’institution calédonienne, une décision qui suscite des protestations dans les rangs loyalistes. Les précisions de notre partenaire Outremers360°.

Ce document paraphé le 18 avril par Omayra Naisseline, élue du groupe UC-FLNKS (indépendantiste), au nom du président du Congrès Roch Wamytan, vise à développer les relations entre les deux chambres notamment en matière de culture, d’enseignement et de politique.

L’Assemblée nationale azerbaïdjanaise « va sensibiliser la communauté internationale sur le droit du peuple de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination », a précisé Roch Wamytan.
Cette signature suscite une vive polémique chez les non-indépendantistes. Dans un communiqué, les groupes Les Loyalistes et Rassemblement dénoncent un accord « n’ayant fait l’objet d’aucune concertation », avec un pays qui s’est « rendu coupable de crimes horribles contre sa propre population », et ont annoncé saisir la justice.

« Une honte absolue » pour l’opposition

Le procureur de la République de Nouméa Yves Dupas a confirmé à l’AFP avoir reçu un signalement pour « un éventuel détournement de fonds publics pour les frais de déplacements ». Le groupe Calédonie ensemble a qualifié cette initiative de « honte absolue » et pointé « un mélange des genres », dans un communiqué. Il demande l’organisation d’une session extraordinaire du Congrès et que « ce mémorandum soit officiellement déclaré nul et non avenu ».

Dans un courrier adressé au Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, les députés Renaissance dont le député calédonien Nicolas Metzdorf ont dénoncé une « ingérence grandissante de l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie» et appellent «la France à prendre une position claire et déterminée»

« Appeler au secours »

Selon Roch Wamytan, l’élue était en déplacement en tant que représentante du FLNKS à l’invitation du Groupe d’initiative de Bakou, créé en juillet 2023, en marge d’un sommet ministériel du Mouvement des non-alignés quand elle a signé le mémorandum, le 18 avril. « C’est un pays qui aide le FLNKS », « ce sont eux qui prennent tout en charge », a encore détaillé le président du Congrès, précisant avoir noué des liens avec l’ambassadeur azerbaïdjanais lors d’une rencontre à l’ONU en décembre 2021. « L’Azerbaïdjan, dans son discours de défense du droit international, est un levier afin de nous constituer un réseau à l’international. Nous sommes obligés de nous tourner vers des pays extérieurs pour appeler au secours », a-t-il ajouté auprès des Nouvelles calédoniennes.

M. Wamytan a aussi rapporté que le haut-commissaire lui avait fait connaître son intention de soumettre ce mémorandum au contrôle de légalité. Quant au conflit meurtrier qui a éclaté dans ce pays du Caucase en 2021, dans la région du Haut-Karabagh, contraignant des milliers d’Arméniens à fuir le pays, Roch Wamytan a concédé qu’il s’agissait d’un « caillou dans la chaussure ». Il estime ue « l’on peut peut-être parler d’épuration ethnique » de la part de l’Azerbaïdjan mais assure éprouver « une grande compassion pour ces Arméniens qui ont tout perdu. »