Jean-Paul Théron est intervenu en visioconférence devant les manifestants réunis ce matin à Tarahoi. Le généraliste a assuré qu’il demanderait des « sanctions » envers le haut-commissaire et le procureur de la République, suite à son interpellation, pendant laquelle il dit avoir « cru mourir », lundi matin. Appelant les manifestants à éviter toute violence, il a dit comprendre leur défiance contre la loi sur l’obligation vaccinale.
Trois jours après son arrestation houleuse à Paea, la prise de parole du Dr Jean-Paul Théron était très attendue par les collectifs critiques de la gestion de la crise sanitaire. Plusieurs d’entre eux avaient appelé à manifester ce matin devant l’assemblée, contre l’obligation vaccinale mais aussi en soutien au généraliste qui, après la fin de sa garde à vue mardi, s’est vu convoqué devant la justice fin octobre pour des accusations de violences aggravées contre un huissier et d’outrage envers des gendarmes. Resté à son domicile, d’après les organisateurs pour se reposer et s’occuper de ses patients, il a pris la parole lors d’une visioconférence par téléphone, retransmise sur des enceintes place Tarahoi.
Pas d’opposition au « pseudo-vaccin », en plus des soins
Aux manifestants – 400 à 500 d’après les autorités – il a d’abord adressé ses remerciements et assuré comprendre leur combat contre la loi sur l’obligation vaccinale. « Je respecte profondément la démarche des associations visant à refuser les diktats, visant à refuser qu’on injecte de force des produits non encore complètement expérimentés sans l’accord des patients, des enfants, des adolescents, et même des personnes âgées et des soignants », a-t-il expliqué sous les applaudissements. D’après le généraliste, visé par une enquête disciplinaire sur des manquements déontologiques et règlementaires, « il ne s’agit pas d’un vaccin, mais d’un traitement injectable préventif », un « pseudo-vaccin », terme fréquemment dans les collectifs anti-vaccination vis-à-vis des sérums utilisant le vecteur ARNm, mais réprouvé par l’essentiel de la communauté médicale. Pour autant, le médecin de santé publique à la retraite, qui rappelle avoir « vacciné la population polynésienne pendant toute sa vie », dit « ne pas s’être opposé à la vaccination » contre le Covid. « La volonté de nos dirigeants par rapport à ce pseudo-vaccin est indiscutablement de limiter l’impact et la gravité de la maladie, explique-t-il. Aujourd’hui nous savons que les objectifs qui étaient visés ne seront pas atteints : nous avons des gens qui ont reçu ce traitement préventif injectable et qui sont morts de la maladie parce qu’il n’ont pas été traités« . D’après les données du CHPF, environ 90% des personnes décédés du Covid ne bénéficiaient d’un schéma vaccinal complet, comme 95% des personnes en réanimation. Mais pour le Dr Théron, l’essentiel est de ne « jamais opposer la démarche préventive et la démarche de soin ».
« Pendant quelques minutes, j’ai cru mourir »
Face à la foule, le généraliste ne revient pas sur sa propre démarche de soin, basée entre autres sur des prescriptions d’hydroxychloroquine, très contestées mais recommandées par le Pr Raoult, d’ivermectine, autre médicament qui n’a pas été testé avec succès pour le traitement du Covid, et sur de l’oxygénothérapie à domicile, prescrite, cette fois, par beaucoup d’autres praticiens. Mais il rappelle avoir « décidé de donner son temps » pour soigner, et comprend que certains, parmi ses patients notamment, « se sentent humiliés par ce qu’il a subi ». Il se dit lui-même « blessé » par son interpellation « inacceptable » de lundi, dont les images ont choqué beaucoup de Polynésiens et ont fait réagir bien au-delà du fenua. « Pendant quelques minutes, j’ai cru mourir de cette interpellation », explique-t-il avant de promettre qu’il consacrera, « après l’épidémie, son temps et son énergie pour que les comptes soient réglés ». Dans le viseur du docteur, le « fonctionnaire Sorain », haut-commissaire qui a sous sa responsabilité la force publique sur le territoire, « le fonctionnaire-procureur Leroy », qui diligente la procédure judiciaire à son encontre, ainsi qu’une autre magistrate du parquet de Papeete. Se disant confiant dans la justice, il demandera des « sanctions » à leur encontre. « Je me battrai pour que ce qui a été fait, les maltraitances que j’ai subies, les discontinuités de soin, la violence policière, reçoivent la réponse qu’elles méritent, insiste-t-il. En attendant, je demande solennellement au fonctionnaire Sorain et au fonctionnaire Leroy de quitter ce pays ».
Une intervention particulièrement applaudie dans la foule. Hier après-midi, le procureur Hervé Leroy avait rappelé que la procédure menée contre le Dr Théron, et qui a conduit à sa convocation devant le tribunal correctionnel le 29 septembre n’était pas en lien avec sa pratique médicale. Et estimé que si le médecin avait répondu aux convocations à la gendarmerie pour s’expliquer sur son altercation avec un clerc d’huissier, survenue voilà une semaine, « il n’y aurait pas eu de difficultés ». « Les menaces voilées ne sont pas de nature à m’empêcher d’exercer l’action publique, peu importe la qualité des personnes mises en cause et la nature des faits », avait-il ajouté.