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Le fait nucléaire s’invite au brevet des collèges

Ce vendredi, les collégiens de Polynésie ont dû bûcher, lors de l’épreuve d’Histoire- Géographie du brevet, sur la question de l’installation du CEP en Polynésie et sur les conséquences sanitaires et environnementales des tirs, notamment celles de l’essai Centaure. Une première, en tout cas à la session normale du DNB, et qui vient rappeler que l’enseignement du fait nucléaire, depuis plus de 20 ans dans les programmes officiels, s’est beaucoup développé ces dernières années.

Un extrait d’un discours prononcé par le général de Gaulle en 1966, un autre de l’ouvrage sur les essais édité par le CEA de 2022, et portant sur l’essai « contrarié » Centaure, et ses « retombées » sur Tahiti, accompagné d’une photo du ballon utilisé pour le tir… Voilà les documents que les élèves de troisième de Polynésie ont dû analyser, ce vendredi matin, à l’occasion de leur épreuve « d’Histoire-Géographie et d’Enseignement civique et moral ». Les futurs lycéens étaient invités à montrer leur compréhension de ces documents, à expliquer certaines expressions employées, et surtout, à expliquer, grâce à ces extraits mais aussi à leurs connaissances, « comment les essais nucléaires ont contribué à l’affirmation de la puissance française tout en ayant des conséquences sur la population et l’environnement en Polynésie ».

C’est la première fois que le fait nucléaire se taille une telle place au Diplôme national du Brevet (DNB). Le CEP avait déjà été évoqué dans des exercices qui portaient plus largement sur l’histoire contemporaine de la Polynésie, et la session de remplacement polynésienne (les « rattrapages », en septembre) avaient vu passer un sujet sur le nucléaire l’année dernière. Mais cet exercice de 20 points sur 40 à la session principale du brevet est bien une première, qui n’est pas passée inaperçue. Ce samedi, certains l’ont même noté lors de la conférence de presse de Moruroa e Tatou, qui prépare sa marche du 2 juillet. Sans avoir pu analyser le fonds de cet exercice, l’avocat Philippe Neuffer, proche de l’association et de l’Église protestante maohi, le voit comme un témoin de l’avancée de cette question dans les programmes scolaires locaux. Il faut noter que du fait de la spécificité des programme d’Histoire-géo à la Polynésie française, les sujets du DNB sont conçus localement.

Dans le programme d’histoire-géo, mais pas seulement…

Le fait nucléaire n’est pourtant pas une thématique nouvelle dans les programmes polynésiens. Il y est évoqué dès la fin des années 90, quand un effort d’adaptation des programmes est lancé, sous l’impulsion, notamment, de l’inspecteur d’académie Michel Lextreyt. Mais, entre les connaissances universitaires qui ont dû s’étoffer, les ressources pédagogiques qui ont dû être créées, pour le premier comme le second degré, les craintes, parfois, d’enseignants à aborder un sujet longtemps clivant dans la société polynésienne, et qui a profondément marqué de nombreuses familles, il a fallu du temps, et du travail, pour que l’enseignement de cette période se normalise.

Depuis 2018, un groupe de travail, initié par le ministère polynésien de l’Éducation en partenariat avec le vice-rectorat, est chargé d’accompagner ces enseignants dans l’exploration de ce sujet, au travers de professeurs référents, d’inspecteurs, de conseillers pédagogiques, entre autres. Il ne s’agit plus de limiter l’enseignement du fait nucléaire aux seuls cours d’histoire-géographie, mais de permettre de construire des connaissances dans toutes les disciplines, du CM1 à la Terminale en passant par la voie professionnelle, sur cette « question socialement vive ».  La DGEE dispose ainsi, sur son site, en pleine refonte, de « ressources » pour inviter le fait nucléaire en français, en SVT, en cours de langues, en SES, en arts plastiques, et même en éducation physique, au travers de « scénarios didactiques » interprétés en danse. Cet enseignement très large et les pistes pour le développer avaient fait l’objet d’une journée de discussions à l’occasion du colloque sur la mémoire du nucléaire à l’UPF en 2022. Le groupe de travail, lui, perdure pour produire davantage de ressources pédagogiques, cherchant à vulgariser les dernières recherches scientifiques, accompagner les enseignements avec de nouveaux moyens (des podcasts notamment) ou encore à construire de nouveaux parcours de formation.

À noter que le deuxième exercice de cette même épreuve d’histoire – géo portait sur les « espaces de faible densité ». Les futurs lycéens devaient décrire, en une vingtaine de lignes, ces espaces peu urbanisés de France hexagonale et d’outre-mer, « leurs difficultés (insularité, isolement, accès aux services publics…) et leurs atouts ». Cet exercice de géographie était aussi accompagné d’une carte de métropole où il fallait, entre autres, nommer et localiser un fleuve, deux chaînes de montagnes, l’Océan Atlantique et la Méditerranée.

 

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1 Commentaire

  1. Alain Lepoint
    1 juillet 2024 à 8h10 — Répondre

    Bravo,enfin un enseignement sur le sacrifice d’une jeunesse mais aussi d’un peuple sacrifié pour la mise au point de l’arme nucléaire pendant la (guerre froide).Un ancien du CEP à Mururoa en 66…Alain

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