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Le Fare Natura va exposer les restes de la baleine tuée à Faa’a

©Olivier Betremieux / Mata Tohora

L’écomusée de Moorea a été autorisé à conserver des ossements de baleines. Ils avaient été récupérés mi-octobre par les plongeurs du Criobe dans le lagon de Moorea, où avait dérivé la carcasse d’un jeune cétacé tué quelques jours plus tôt près du récif de Papeete et Faa’a, probablement après avoir été heurté par un navire. Ces morceaux de crâne et de côtes devraient à terme être exposés au public, à des fins de sensibilisation.

On ne dispose pas si facilement des restes d’une espèce protégée. Le Fare Natura a dû demander un arrêté en bonne et due forme au ministre de l’Environnement, et après visa de la Diren, « l’autorisation de détenir différentes parties mortes de baleine à bosse » lui a été accordée le 6 novembre. En l’occurrence, une partie du crâne et du rostre, le début d’une colonne vertébrale portant quelques côtes… Une cinquantaine de kilos d’ossements au total, qui avaient été récupérés mi-octobre par les plongeurs du Criobe au fond du lagon de Moorea.

Quelques heures plus tôt, la mairie de l’île sœur avait appelé les scientifiques à la rescousse pour prendre en charge les restes de la baleine juvénile morte le 8 octobre près du récif de Papeete et Faa’a, probablement après avoir été heurtée par un « gros bateau », comme l’avait constaté un vétérinaire sur place. Les restes, éloignés par remorqueur des côtes de Tahiti pour éviter un accident, avaient été en grande partie consommés par des prédateurs, puis avaient dérivé près des côtes de Moorea où ils soulevaient des inquiétudes sanitaires et de sécurité.

Réflexion en cours sur les modalités d’exposition

Quand ils ont été découverts, les os avaient déjà été en partie « nettoyés » par la petite faune, en mer puis dans le lagon, comme on le précise du côté du Criobe. Le centre de recherche avait alors été autorisé par la Diren à les récupérer, et attendait un autre sésame pour pouvoir les transférer au Fare Natura. L’idée commune du centre de recherche et de l’écomusée : faire en sorte que ce fait divers très médiatisé soit une source de sensibilisation et de pédagogie sur la protection des cétacés. Contactée, la directrice du Fare Natura précise que les autorisations n’ont pas encore été notifiées à son établissement, et que les réflexions, collectives, sont encore en cours sur la meilleure façon de valoriser et d’exposer ces ossements. « Ça servira de leçon d’apprentissage sur le respect qu’on doit avoir vis-à-vis des animaux marins », précisait jeudi le ministre de l’Environnement Taivini Teai.

La mort, le 8 octobre, de cette baleine juvénile – surnommée « Sweet Girl » ou « Coco » par certains – avait eu un fort retentissement local, mais aussi national. Sea Shepherd, qui avait diffusé des images de l’animal mutilé et en sang qui ont été vues des centaines de milliers de fois, s’est depuis allié à Mata Tohora pour porter plainte contre X dans cette affaire afin d’identifier d’éventuels responsables. Une enquête confiée à la brigade nautique de la gendarmerie, à qui l’association de protection des cétacés dit avoir confié « tous les éléments à sa disposition » sur l’incident.