Le gouvernement et l’Ademe ont présenté ce jeudi le bilan énergétique 2018 de la Polynésie. Les chiffres pointent encore une fois la grande dépendance du pays aux importations de gazole, fioul et autres pétroles. Et démontrent que les objectifs du plan de transition énergétique seront très difficiles à atteindre.
Avec le plan Climat Energie et le plan de Transition Énergétique, le Pays s’est fixé, dès 2015, un cap ambitieuxe. Encore faut-il pouvoir mesurer les avancées. C’est la raison d’être de l’Observatoire polynésien de l’énergie, créé en 2017 par le gouvernement et l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, un organisme d’Etat). Ce jeudi, il présentait un bilan énergétique complet du Fenua. Effort de compilation et affinage des méthodes de calcul obligent, les chiffres datent de 2018. Mais Teiki Sylvestre-Baron, le responsable de l’observatoire a bon espoir de publier des données plus rapidement et de façon plus précise à l’avenir. Il rappelle que ce travail doit orienter les politiques publiques en la matière.
Et il y a à faire pour mettre sur la bonne voie la Polynésie, qui base son énergie à 93,7% sur ses importations d’hydrocarbures. Malgré quelques bonnes nouvelles (l’énergie solaire gagne un peu de terrain), la dynamique n’est pas positive entre 2017 et 2018. La part des énergies renouvelables dans le total de la consommation énergétique (6,3% contre 7% en 2017) ou dans la production électrique (29,2% contre 29,3% en 2017) ont même légèrement reculé en 2018.
L’objectif 2020 raté, le cap de 2030 intenable
Le gouvernement affiche tout de même un certain optimisme. Téa Frogier, la ministre en charge de l’énergie, estime que la trajectoire actuelle devrait permettre d’arriver à l’horizon 2030 à « 60 ou 65% » de renouvelable dans le « mix énergétique », c’est-à-dire la production électrique. Le cap des 75% fixé par l’assemblée territoriale est loin. Quant à l’objectif de 50% pour 2020, « il ne sera pas atteint », convient-elle.
La ministre rappelle les importantes contraintes du système électrique en Polynésie. L’absence d’interconnexions entre les îles, les distances et les coûts, bien sûr, mais aussi les compétences communales en matière d’électricité, qui compliquent l’effort collectif… Il est vrai que les différences sont criantes d’une zone à l’autre : le système électrique tahitien, armé de ses nombreux barrages atteint 40% de renouvelable, quand la plupart des autres îles oscillent entre 0% et 15%. Pour Téa Frogier, il faut faire éclore de nouveaux projets, dans l’hydroélectricité pour ce qui est de Tahiti et des Marquises, mais surtout dans le photovoltaïque.
L’autre défi, c’est celui des émission de gaz à effet de serre. Cette fois, c’est du côté des transports routiers, champions de Polynésie en la matière qu’il faut regarder. La ministre rappelle que des dispositions ont été prises pour favoriser l’électrique et développer les transports en commun. L’année dernière, 8% des voitures vendues au Fenua étaient des hybrides et 1% des électriques d’après le syndicat des concessionnaires.
L’Energie en quelques chiffres…
340 millions de litres : les importations d’hydrocarbures en 2018. Le gazole, qui couvre 46% de la consommation d’énergie primaire, domine, suivi par le fioul (21%), ou l’essence (18%). 689 GWh : c’est la production électricité en 2018 dans tout le pays, dont, là encore, une vaste majorité à Tahiti et Moorea. 29,2% de ce total provient des énergies renouvelables, principalement des barrages. 1% : C’est ce que représente la production photovoltaïque dans la consommation d’énergie primaire. Et ce même si la production des panneaux solaires a été multipliée 8 en 8 ans. S’ajoute aussi, côté renouvelable, le 1% des chauffe-eaux solaire. 55% : C’est la part des transports dans les émissions internes de CO2 en Polynésie. Et c’est sans inclure les transports aériens et maritimes internationaux. Le transport terrestre reste le principal émetteur. 3,8 : le nombre de tonnes de CO2 émis par chaque habitant du Fenua en 2018. Comme si chacun avait fait 206 fois le tour de Tahiti en voiture. Données issues du Bilan énergétique 2018 |