Avec le festival « Tahiti ti’a mai », danseurs, chanteurs, athlètes et artisans célébreront les 140 ans d’histoire du Heiva malgré son annulation cette année. Tout le monde de la culture a été mobilisé, de To’ata au musée en passant par les communes qui accueilleront des spectacles décentralisés. Et les organisateurs, dont le Pays, espèrent que l’évolution du couvre-feu et des limites sur les rassemblements permettront de voir les choses en grand.
Pas de compétition à To’ata. La décision avait été évoquée dès le mois de décembre, et confirmée en début d’année. Vu les restrictions sanitaires et les sursauts épidémiques, il aurait été trop compliqué et trop incertain pour les groupes de danse de se préparer. Mais To’ata s’ouvrira bien au ‘ori tahiti et au himene en juillet. Ce matin, le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu, entouré d’une quinzaine de responsables du monde de la culture et de partenaires de l’évènement, a présenté le festival – ou Taupiti, un terme qui rassemble traditionnellement les rassemblements festifs et populaires – qui se tiendra donc en lieu et place du Heiva, dont les 140 ans d’existence seront tout de même au centre des festivités.
Il s’agit aussi de marquer « au mieux » la reprise culturelle, toujours très partielle après de longs mois de crise sanitaire. Un évènement « symbolique », donc, avec un nom qui l’est tout autant : Tahiti ti’a mai, le titre d’un ‘aparima de Coco Hotahota appelant le pays à se « relever » après une série de cyclones. ‘Ori, himene, mais aussi tua’ro maohi, courses de va’a, marche sur le feu, artisanat et expositions… Pour le ministre de la Culture, il s’agit de se « préparer à revivre normalement ».
14 pupu ‘ori et 9 pupu hīmene sont au programme sur la scène de To’ata, entre le 29 juin, date de la cérémonie d’ouverture, et le 10 juillet. La grande scène pourrait toutefois sonner un peu vide, avec une limitation sanitaire à 1 000 personnes maximum et une fin de programme avant 22 heures. Heremoana Maamaatuaiahutapu ne le cache pas : il espère que ces restrictions vont évoluer d’ici là. Notamment sous l’influence de la loi sur la sortie de l’état d’urgence, qui doit être votée le 2 juin à Paris, et qui pourrait, par exemple, organiser la fin du couvre-feu. Et si ça n’était pas le cas ? « On fera avec », répond le responsable. « Notre réponse c’est de multiplier les sites sur lesquels vont se produire les artistes », précise-t-il.
Du 17 juillet au 1er août, sont effet prévues des prestations « décentralisées » au marae Arahurahu de Paea – sous la direction du Conservatoire – au site Hotuarea de Faa’a, au Motu Ovini de Teva i uta ou encore à la pointe Vénus. Comme un Heiva, le taupiti se clôturera le 7 août par une journée de chants et de danse à la pointe Nu’uroa. « Puisque les spectateurs ne peuvent pas venir sur To’ata, on va mettre To’ata dans les communes » explique le ministre.
Si d’autres éditions du Heiva n’ont pas eu lieu par le passé, les autorités ont voulu « marquer le coup » du 140e anniversaire de l’évènement. Né en 1881 autour de la célébration du 14-juillet, il s’est peu à peu etoffé et transformé en Tiurai, rappelle la directrice du Musée de Tahiti et des îles Miriama Bono. Le musée a fouillé dans ses fonds de costumes, de chapeaux, d’objets mais aussi de photos pour rassembler certaines de ses pièces les plus symboliques de ces célébrations dans une exposition qui sera lancée dès samedi. De quoi rendre un hommage à tous ceux qui les animent année après année.
En complément, un parcours photographique reviendra, en 140 clichés affichée en extérieure à Papeete, sur les grands moments de l’histoire du Heiva. L’exposition, qui sera inaugurée le 29 juin, devrait surtout prendre place sur l’esplanade Tu-Marama, brièvement appelée Jacques-Chirac. La festival investira aussi l’espace urbain au travers du village du Heiva, organisé par la CCISM du 1er au 10 juillet sur l’esplanade basse de To’ata, et du Heiva Rima’i, qui accueillera une centaine d’artisans traditionnels à Mama’o du 25 juin au 15 juillet.
Le programme des prestation à To’ata (billets en vente début juin) :
Le programme des spectacles délocalisés :