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Le fiché S de Tatutu libéré et autorisé à rester au fenua

©Pascal Bastianaggi

Multicondamné, notamment pour apologie du terrorisme, menaces de mort ou outrage, un trentenaire a été libéré de Tatutu ce jeudi. Placé sous tutelle, il pourra rester au fenua, la cour d’appel ayant annulé son interdiction de séjour en Polynésie, qui devait durer cinq ans à compter d’aujourd’hui. Présentant des troubles psychiatriques et plus « influençable » que « radicalisé » d’après son avocat, il devrait être conduit dans un foyer spécialisé. 

Incarcéré depuis 2018, le « radicalisé de Tatutu » est libre. L’homme de 32 ans était toutefois de retour au tribunal ce jeudi, en cour d’Appel. En cause, l’interdiction de séjour en Polynésie, d’une durée de cinq ans, qui planait sur sa tête. Celle-ci stipulait qu’il devrait être placé dans un avion pour la métropole, dès sa sortie de détention. Le trentenaire avait tenté de faire annuler cette décision fin août, mais sa requête avait été rejetée, son avocat avait donc fait appel. Les juges ont finalement tranché en sa faveur, au terme d’une audience en appel jugée à huis-clos.

Resté dans les mémoires au tribunal pour avoir lancé « vive l’État islamique, vive le Djihad et vivent les attentats en France » il y a plusieurs années lors d’une audience, durant laquelle il avait tenté d’agresser le juge, cet homme souffre d’important troubles psychiatriques. « Ce n’est pas quelqu’un qui est radicalisé, il a de gros problèmes psychiatriques et n’est pas cohérent dans ce qu’il pense », plaide son avocat Me Hellec, qui évoque une reprise hasardeuses de propos « entendus à la télévision » par un homme « influençable ». « Lorsqu’on lui demande sa religion, il dit qu’il est catholique, qu’il n’a jamais lu le Coran, il balance des mots comme ça, qu’il ne comprend pas », poursuit le conseil.

En lui permettant de rester au fenua à sa libération, « la cour d’appel a compris que, si on l’envoie en France, il va pouvoir être en contact avec de vrais djihadistes, qui vont l’entraîner, l’équiper, le radicaliser, pour qu’il commette des attentats, soit en France, soit ici à son retour dans cinq ans. Alors que si on le laisse ici, il n’y a pas de mosquée clandestine ou de prédicateur radicalisé. La cour a considéré qu’il valait mieux qu’il reste ici », relate Me Hellec.

Cette décision est aussi motivée par le parcours de soin entamé par le désormais ex-détenu. « Ici, ils ont mis en place un suivi psychiatrique et psychologique qui marchent bien, il est investi. Le psychiatre et la psychologue demandent à ce qu’ils reste pour pouvoir continuer le traitement, ce qui n’aurait pas été le cas en France, où il aurait été livré à lui même, et il aurait facilement pu être récupéré par de vrais terroristes, surtout dans la zone où ils devaient aller », dans le nord de la France, non loin de la Belgique, « vivier » de terroristes d’après l’avocat.

Libre de rester au fenua, et désormais son tutelle, l’homme a été conduit dans un foyer spécialisé à sa sortie de détention.

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