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Le film Pacifiction, tourné en Polynésie, fait sensation au festival de Cannes

L’équipe du film « Pacifiction – Tourment sur les îles », réalisé par Albert Serra, a gravi ce jeudi les marches du Festival de Cannes. Parmi les acteurs, Benoît Magimel mais aussi des Polynésiens, Pahoa Mahagafanau, Matahi Pambrun et Michael Vautor, qui n’ont pas laissé insensibles les critiques du 7ème art. Les précisions de notre partenaire Outremer 360°.

Réalisé en Polynésie et coproduit par Archipel production, le film « Pacifiction » a fait sensation hier au 75èmeFestival de Cannes. « Cette édition tient pour nous désormais à la fois son chef d’œuvre et sa Palme d’or » a écrit le site Les Inrockuptibles à l’issue de la projection. Pour Libération, « Albert Serra offre un grand sursaut au Festival de Cannes » tandis que Le Monde, plongé dans un « fascinant paradis », encense le « magnifique thriller paranoïaque sur fond de politique-fiction ».

Politique-fiction ou presque. Puisque le film du réalisateur catalan nous plonge dans un passé familier aux Polynésiens. Benoît Magimel campe le rôle du Haut-commissaire De Roller, envoyé en mission pour étouffer une rumeur : celle de la reprise des essais nucléaires. « Post-colonialisme, menace nucléaire, vacuité de la parole politique, récit d’une insurrection qui vient, Pacifiction est un film haut-perché et au bord du gouffre » écrit encore Les Inrocks, citant les plus grands chefs d’œuvre du 7ème art pour mettre des mots sur l’enthousiasme déroutant que provoque le film.

Un film qui « enflamme les passions »

Pour Télérama, « Pacifiction » est un « Thriller paranoïaque expérimental, où rien n’advient vraiment, mais où tout semble sans cesse au bord de l’explosion ou de l’embrasement », dans « une Polynésie française inédite, certes somptueuse, mais surtout inquiétante et ténébreuse ». La rédaction souligne notamment les « personnages fascinants, comme cette femme transgenre devenue la confidente et l’informatrice du héros, et dont le regard semble le percer à jour, à chaque instant. Elle seule paraît détenir la clé de la prison psychique où, insensiblement, il s’est enfermé ». De son côté, Paris Match dépeint « un film qui envoute ou laisse circonspect mais une offre de cinéma tellement originale et hors cadre, sorte d’installation sur grand écran, qu’il ne peut qu’enflammer les passions ». Et s’imposer comme un des favoris pour la palme d’or, qui sera attribuée par le jury le 28 mai.

Dans le casting, c’est d’ailleurs Pahoa Mahagafanau qui a attiré les regards lors de la montée des marches, suscitant curiosité et fascination des journalistes de la croisette. Les acteurs polynésiens Pahoa Mahagafanau et Matahi Pambrun ne s’imaginaient pas, au début du tournage, s’engager dans une aventure aussi grandiose, eux qui n’avaient au départ que des rôles de figuration. « Au début, c’était juste de la figuration et en fait il (Albert Serra) m’a donné un rôle et c’est parti » avait confié Pahoa Mahagafanau à la rédaction de Tahiti-infos.

« J’étais censé ne faire qu’une seule scène qui ne durait pas très longtemps dans le film » raconte de son côté Matahi Pambrun. « On a tourné la première scène. Et Albert, le réalisateur, a adoré et il m’a demandé de rester pour le reste du film. Ce qui fait que pour finir, au lieu de tourner une journée, j’ai tourné dix jours avec eux ». Au moment où ils sont interviewés par Tahiti-infos, les deux acteurs se montrent détachés, voire insensibles à un monde lointain. Matahi Pambrun, s’il reconnaît « une chance fantatistique », semble peu intéressé par le métier.

De son côté, Pahoa Mahagafanau se montre plus ouverte tout en gardant une forme de réalisme : « je suis trans’. Et dans tous les films, il n’y a pas vraiment de demande transgenre » reconnait-elle, toujours interrogée par Tahiti-infos. « Si on me demande, pourquoi pas ». Gageons que le succès suscité par la présentation du film change la donne car réellement, Albert Serra a surpris le Festival avec « Pacifiction », présenté en compétition à la dernière minute. Une « pièce rapportée, (…) désormais la consécration » de cette édition. Pour la Polynésie, l’œuvre d’Albert Serra est en outre l’occasion de s’affirmer comme une destination incontournable de la géographie cinématographique.

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