Les dirigeants du Forum des îles du Pacifique, réunis aux Tonga, ont publié vendredi un communiqué commun réaffirmant les relations diplomatiques avec Taïwan. De quoi provoquer la colère de l’ambassadeur chinois présent au sommet, qui dénonce la référence même à cet état insulaire dont le territoire est revendiqué par Pékin. Le diplomate a demandé, au FIP et à ses alliés dans la région, des corrections dans ce communiqué… Qui a été retiré du site du Forum.

Après deux jours de « retraites des dirigeants » à Tonga, les membres du Forum des îles du Pacifique ont rejeté les demandes de certains alliés de la Chine les appelant à cesser de considérer Taïwan comme un partenaire en matière de développement. Dans un communiqué final diffusé vendredi (jeudi soir à Tahiti) sur le site officiel de l’organisation, le FIP « réaffirme » ainsi un accord signé en 1992 autorisant les pourparlers avec Taipei.

Un échec pour la Chine qui s’est efforcée d’exclure Taïwan – une île où se sont installés en 1949 les opposants au Parti communiste chinois, et qui est devenu un état démocratique souverain, alors que Pékin la considère comme son territoire – des forums internationaux et rejette ses revendications en matière d’autonomie. Comme le relève l’AFP, les Îles Salomon, principal partenaire de la Chine dans le Pacifique Sud, avaient notamment fait pression pour que Taïwan soit privée de son statut de partenaire au sein du Forum des îles du Pacifique, suscitant la colère de certains alliés de Taipei.

Car le forum est divisé, entre des pays qui ont des relations diplomatiques avec Pékin et d’autres avec Taipei. Ces derniers se comptent aujourd’hui sur les doigts de la main : ne reste dans le Pacifique que Tuvalu, qui fait partie du Commonwealth britannique, Palaos et les îles Marshall, deux républiques insulaires en libre-association avec les États-Unis. La liste n’a cessé de se réduire, sous la pression et les financements de la Chine ces dernières années, raison pour laquelle Taipei avait dépêché son vice-ministre des Affaires étrangères au sommet de Tonga. Il a visiblement eu gain de cause.

Sans surprise, les représentants chinois au sommet se sont offusqués de ce communiqué. « La situation est évidente : parmi les 18 membres du FIP, 15 pays ont des relations diplomatiques avec la Chine et 15 pays ont catégoriquement déclaré qu’ils soutenaient le principe d’une seule Chine, a ainsi déclaré Qian Bo, ambassadeur chinois pour le Pacifique, cité par ABC News. Il s’agit donc d’une erreur surprenante commise par quelqu’un, je ne sais pas qui, mais je pense qu’elle doit être corrigée ! ». Le diplomate, qui se dit surpris par la référence même à Taïwan, en rupture avec la doctrine de la « Chine unique » promue par Pékin, a été aperçu par le Guardian en conversation très animée avec les responsables du secrétariat du FIP, et avec son secrétaire général Baron Waqa, ancien président de Nauru. Un état qui a, comme les Salomons, désormais principal appui de Pékin dans la région, ou Kiribati, rompu ses liens avec Taïwan au profit de la Chine ces dernières années.

Dans le centre de Congrès de Nukualofa financé, à hauteur de 25 millions de dollars, par la Chine, Qian Bo a visiblement été entendu. Ce vendredi matin (samedi à Tonga) le communiqué final n’était plus disponible sur le site ou les réseaux sociaux du FIP. Peut-être en attendant une correction « diplomatique ».

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