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Le FRPH, autrefois honni par le Tavini, a encore de beaux jours devant lui

Répondant à une question orale du Tapura, le ministre de l’Économie et des Finances Tevaiti Pomare a expliqué que la suppression du Fonds de régulation des prix des hydrocarbures n’est pas d’actualité. C’était pourtant la position du Tavini lorsqu’il était dans l’opposition, soulignent Tepuaraurii Teriitahi et Nuihau Laurey. Le collectif budgétaire en préparation va même le réabonder de deux milliards.

En ouverture de la séance de l’assemblée ce jeudi, Tepuaraurii Teriitahi demandait des précisions sur le Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH), alors que la commission de l’économie s’apprêtait à examiner dans l’après-midi le projet de collectif budgétaire par lequel le gouvernement va verser 2 milliards au FRPH, malgré les 3,9 milliards du budget primitif, brûlés dès le 1er trimestre par la hausse des cours mondiaux et l’appréciation du dollar.

La représentante Tapura s’est fait un plaisir de rappeler les critiques du Tavini dans ce même hémicycle envers ce système de régulation des prix. En 2022, alors que le Tapura au pouvoir se reposait sur le FRPH pour éviter d’augmenter les prix à la pompe, le Tavini lui reprochait de ne pas utiliser cet argent pour « stimuler la transition écologique ».

C’est aussi l’avis de Nuihau Laurey, de A Here ia Porinetia, qui proposait sa suppression il y a déjà dix ans. Les prix subventionnés grâce au FRPH donnent une idée inexacte de l’inflation réelle, dit-il, ce qui arrange bien tous les gouvernements. « Le FRPH fixe un prix artificiel, ce qui ne conduit pas à prendre de bonnes décisions publiques et privées, c’est-à-dire à changer les habitudes. »

D’autant, a développé Tepuaraurii Teriitahi, que le gouvernement Brotherson a suspendu le cycle régulier de révision des tarifs de l’électricité d’EDT-Engie (le Tapura avait fait de même avant les élections territoriales). Des révisions qui certes provoquaient des hausses, mais tendaient à se rapprocher de la vérité des prix. « Cette décision, qui masque délibérément la véritable hausse du prix du kWh en laissant croire à une stabilisation, est une tromperie manifeste », estime aujourd’hui le Tapura, pour qui le gouvernement « détourne les fonds du FRPH pour subventionner artificiellement  le prix du gasoil des centrales électriques de Tahiti.» Pile-poil l’ancien argument du Tavini.

Depuis l’année dernière, le gouvernement a découvert les vertus du FRPH : « le FRPH a démontré sa capacité à soutenir les ménages polynésiens », en permettant « le maintien des prix » et en « confortant le pouvoir d’achat » que ce soit à la pompe ou au compteur, a déclaré le ministre de l’Économie et des Finances. Et puis la transition énergétique et les changements d’habitudes, c’est bien joli, mais les recettes fiscales sur l’importation des hydrocarbures, c’est tout de même 7 milliards par an. Mais à force de reculer les révisions des tarifs électriques, le Pays devrait, a avoué Tevaiti Pomare, 2,14 milliards à EDT au titre du manque à gagner du concessionnaire. Comme sur nombre d’autres sujets, une réforme du FRPH serait « en cours de réflexion ».

 

 

 

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