Quelques dizaines de mètres de pelouse, bien verte, ont poussé en quelques nuits sur le front de mer. La plupart des passants l’ignorent, mais ce gazon est artificiel, et devrait à terme s’étaler sur tout le terre-plein central du boulevard de la reine Pomare IV, entre le centre Vaima et l’avenue Prince Hinoi. Une première qui pourrait en inspirer d’autres. Sauf que l’idée, défendue par le ministère de l’Équipement, ne convainc pas tout le monde.
Comme l’ont relevé nos confrères de la Dépêche de Tahiti, c’est une société spécialisée et missionnée par le Pays qui procède à cette installation nocturne « depuis le 8 juin ». Ses ouvriers ont déjà arraché l’herbe, « la vraie », sur 300 mètres de terre-plein entre les réverbères et les cocotiers, pour laisser la place à ces pousses en plastique. Au total, c’est une douzaine de rouleaux de gazon artificiel qui devraient être entièrement installés d’ici quelques jours.
Pour la vaste majorité des passants pressés ou des automobilistes en plein embouteillage, l’illusion est parfaite. Mais ceux qui ont noté le changement n’y ont pas tous goûté. Sur les réseaux sociaux, où le chantier a notamment été pointé du doigt par le député Moetai Brotherson, la plupart des commentateurs se disent, comme souvent, scandalisés. « Insulte au développement durable », « décision ridicule »… « On importe de la moquette en plastique alors que chez nous l’herbe pousse très bien », résume un internaute. « C’est d’un mauvais goût total dans une destination qui se dit ‘nature’ « relève un autre.
Pour l’Équipement, moins d’embouteillages, de coûts d’entretien… et de pare-brise
Du côté du ministère de l’Équipement, pourtant, on assume la décision. C’est que la pelouse naturelle du front de mer avait aussi eu droit à son lot de plaintes. D’abord du côté des automobilistes : son entretien implique de fermer une voie de chaque côté de la route, et réaliser les travaux de nuit fait exploser les coûts. Quant aux bruyants « rotofils », ils lèvent la poussière et agacent certains commerçants. Pire : ils projettent des cailloux et débris qui auraient déjà obligé la collectivité à rembourser un certain nombre de pare-brise…. Bref, le coût de la nouvelle couverture artificielle, « utilisée dans énormément d’agglomérations », devrait être « amorti en quelques mois », assure un responsable. Qui, comme d’autres, n’exclut pas que cette initiative en inspire d’autres, du côté du Pays ou des mairies.
Un développement qui pourrait être accompagnés de débat. Comme sur le front de mer ce jeudi. Aux commerçants qui saluent la baisse des nuisances, répondent les passants qui pensent à « l’emploi des tondeurs » ou à la « présence de la nature en ville ».